Quel bonheur de redécouvrir, cette fois au cinéma, ce classique d'un Ridley Scott encore au sommet de son talent. C'est simple : derrière les deux intouchables « Blade Runner » et « Alien », ce road movie devenu quasiment légendaire arrive juste derrière, et ce pour de nombreuses raisons. D'abord, il y a ce superbe scénario de Callie Khouri, très justement récompensé par un Oscar, foisonnant et extrêmement cohérent dans son développement et son évolution, faisant preuve de pas mal d'humour et d'ironie tout en sachant être fort et intense lorsqu'il le faut.


S'appuyant sur le cadre magnifique d'une Amérique très « western », Scott fait ici parler sa maîtrise et son sens du rythme tant ces 120 minutes passent en définitive à tout allure. Jamais trop ni trop peu, l'œuvre peut ainsi être analysée sous de nombreux angles, que ce soit par sa dimension « féministe avant l'heure », à l'image de ce duo dans un registre habituellement plutôt réservé aux hommes, souvent présentés sous un regard peu flatteur ici (stupide, menteur, violent, voleur, borné : il y en a pour tous les goûts), impression toutefois atténuée par la présence de Michael Madsen et surtout Harvey Keitel, l'ensemble des seconds rôles faisant belle impression (dont un Brad Pitt presque débutant).


Ce n'est toutefois presque rien au vu de ce tandem iconique au possible : la grande Susan Sarandon est remarquable, quant à Geena Davis, juste... Whaou. Comment peut-on être plus sexy, irrésistible que cette sublime créature n'ayant clairement pas eu la carrière qu'elle méritait, notamment après le double échec fort injuste de « L'Île aux pirates » et « Au revoir à jamais » ? Les deux rousses sont magnifiques, assurément parmi les personnages féminins les plus marquants de l'Histoire du cinéma.


Il y a beaucoup à écrire sur ce film, d'autres l'ont fait bien plus longuement et mieux que moi. Je me contenterais donc de réécrire l'immense plaisir procuré par cette œuvre emblématique des 90's, boostée par un talent hors-norme devant, derrière la caméra et à l'écriture, ponctuée de scènes inoubliables (la dernière en étant assurément le point d'orgue) : une folle aventure faisant passer par toutes les émotions, éprise d'une liberté quasiment disparue aujourd'hui : le vrai film #MeToo date de 1991, il s'appelle « Thelma et Louise ».

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le 22 oct. 2017

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Caine78

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