Quel est le point commun entre un bébé et du beurre ? Regardez The VVitch et vous aurez la réponse.


1630, Nouvelle-Angleterre.
La jeune Thomasin et sa famille sont chassés du village puritain dans lequel ils habitaient après que William, le père, ait violemment critiqué les pratiques religieuses de la communauté.
La famille s’exile donc loin de toute civilisation, près de la forêt, où elle mène une vie pieuse et survit en cultivant tant bien que mal son lopin de terre.
Un jour, Samuel, le nouveau-né, disparait de manière inexplicable alors qu’il était sous la surveillance de Thomasin, et d’autres terribles évènements vont alors s’enchainer.
Ce que la famille ne sait pas, c’est que la forêt est loin d’être aussi inhabitée que ce qu’ils croient…


Bon, si vous avez fait anglais lv1 et que vous avez plus de dix ans, je ne pense pas trop vous spoiler en vous disant que ce qui se trouve dans les bois et qui fout la pétoche à la famille est… Une sorcière.
Ce qui est plus étonnant, c’est que cette dernière est au final peu présente dans le film, et qu’en fait… Elle aurait pu ne pas exister, le film m’aurait quand même bien foutu les chocottes.
Parce que The VVitch ne joue pas tant sur l’aspect « monstre », « surnaturel » ou « magie » auquel on pourrait s’attendre avec un tel titre, et ce qui rend le film si oppressant se résume en fait en deux mots : religion et isolation.


Bon, on est en Nouvelle-Angleterre, au XVIIème siècle, dans une famille puritaine… Vous vous doutez bien que la religion est ultra-présente : peu importe leurs malheurs, les personnages s’accrochent ardemment à leur Dieu, et pourtant… Qu’est-ce qu’ils le craignent.
Parce qu’ici, pas de : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ou de : « Dieu est amour », mais plutôt : « Tu mens ? Tu iras en enfer. Tu t’amuses un peu trop ? Tu iras en enfer. En fait peu importe ce que tu fais, tu iras en enfer comme ton nouveau-né de petit frère. » (La rime est involontaire.) (Celle-là aussi.)
Ce qui fait que nos personnages ont, de base, une vie de m**** pleine de restrictions et de culpabilité, et sont déjà à deux doigts de tomber dans la paranoïa et l’hystérie… Si vous ajoutez à ça une terre qui ne fait rien pousser… Il ne manquerait plus qu’il y ait une sorcière dans les parages tiens.


En ce qui concerne l’isolation, la chose la plus évidente qui vient à l’esprit est le fait que la famille soit coupée du reste de la civilisation, à la lisière du monde sauvage, et obligée de vivre à l’endroit-même où le benjamin à disparu, sans possibilité de s’enfuir ou d’aller chercher de l’aide… Pourtant, ce n’est pas cette isolation qui m’a le plus angoissée, mais celle que vit Thomasin, l’aînée de la famille – interprétée par la géniale et fabuleuse et exceptionnelle Anya Taylor-Joy que j’aime terriblement et dont il me faudrait tout un article pour faire l’éloge.
Mise à l’écart – et probablement détestée – par sa mère depuis la disparition de Samuel, les choses ne vont pas aller en s’arrangeant pour la jeune fille ; quand des événements de plus en plus étranges vont se produire, elle va peu à peu perdre la confiance des autres membres de sa famille, s’attirer leurs accusations et leur haine – notamment à cause de cette paranoïa que leur foi exerce sur eux.
Thomasin est entourée de sa famille et, paradoxalement, terriblement seule. « Seule contre tous » comme on dit. Ce qui est encore plus difficile quand ce « tous » concerne votre père, votre mère, et vos frères et sœurs ; ceux-là mêmes qui sont censés vous aimer, vous aider et vous protéger…
Le spectateur sait pertinemment qu’elle est innocente et ne peut que regarder, impuissant, cette pauvre fille s’en prendre plein la tronche. Vous comprendrez aisément que l’atmosphère soit lourde et étouffante.


Aussi, si je vous ai dit que la sorcière et le surnaturel étaient peu présents, ils sont tout de même là, et nous offrent quelques images extrêmement dérangeantes qui, ajoutées au reste, font de The VVitch un excellent film d’horreur à ambiance qu’on a du mal à oublier. #lascèneducorbeau
(Oh et, je ne savais pas vraiment où placer ça, mais à l’instar d’Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie et le jeune Harvey Scrimshaw sont tout bonnement excellents, et leur jeu d’acteur vaut vraiment le coup d’œil !)


https://moonlight-reads.com/une-petite-selection-de-films-dhorreur

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le 16 août 2019

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