Laissé pour mort, un trappeur va conjointement affronter les éléments naturels et humains afin de retrouver l'homme qui a tué son enfant sous ses yeux. Film survivaliste et métaphysique, The Revenant est une nouvelle pierre dans l'édifice cinématographique bâti par González Iñárritu en l'espace de dix ans.


Nouveau maître absolu du plan-séquence, le cinéaste mexicain semble emboiter les traces des maîtres de cet exercice comme Tarkowski, Kubrick et Malick afin de lier la forme à son propos. À la fois médiation métaphysique et véritable prouesse technique l'usage du dispositif au sein de la trame donne à voir des scènes spectaculaires dans lesquelles la violence la plus crue y côtoie de petits instants de poésie, à travers une recherche esthétisante de l'image.


Passé l'exercice de style, le propos du film nous plonge dans une réflexion viscérale autour de la nature des choses : nature du monde, nature des hommes est même nature de Dieu. Nourri par la vengeance de son héros, The Revenant nous confronte alors directement à notre humanité, bien plus violente et cruelle que le monde animal. Une animalité par ailleurs littéralement incarnée par ses protagonistes. Leonardo Dicaprio et Tom Hardy se livrant un duel épique entre deux êtres qui délaissent progressivement l'humanité, et toutes ses formes de croyance, pour ne répondre plus qu'à l'instinct de survie dans un monde hostile, terreau d'une civilisation qui le sera tout autant.


Maître de l'image, avec une filmographie qui a de nombreuses fois fait l'étale de prouesses techniques, Iñárritu remet sans cesse le spectateur face à la véracité de ce qu'il voit (Léonardo face à un ours? Dicaprio dans une carcasse?). Le metteur en scène prend alors un malin plaisir à devenir le démiurge d'un univers qui impose une vision peut-être trop désespérée de l'humanité où seul le désir viscéral de vengeance devient moteur de survie et même de vie. Somme nous tous des sauvages? ce dernier nous répond par l'affirmative au détour d'un plan. Pas sûr que tout le monde puisse être d'accord avec cette assertion.

jujumac
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le 28 févr. 2016

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