The Revenant ne m'a pas réellement déçu. Il ne m'a pas autant impressionné que je l'aurais voulu, sans doute, mais eu égard à la viscérale intensité de Birdman, je m'étais convaincu qu'Iñarritu me subjuguerait de nouveau et plaçais donc mes attentes à un niveau déraisonnable.


Tout ou presque a déjà été dit sur The Revenant donc je vais tâcher de faire bref : les décors sont superbes tout comme la lumière (naturelle, de surcroît). Certains plans-séquences sont ahurissants de maîtrise technique et narrative. De plus, l'utilisation de nombreux gros plans en contre plongée sur le visage des trappeurs illustre parfaitement la tension ressentie, et à fortiori, le délabrement de l'âme de ces pauvres vendeurs de peaux dépérissant chaque jour un peu plus dans ce climat pour le moins inhospitalier, et dont l'attitude se mue progressivement en celle d'une bête traquée : craintive et désorientée.


La relation entre Hugh et son fils est sous-développée et c'est bien dommage car elle est censée constituer un enjeu primordial du film. En effet, le fait que leur passé soit expédié en un flashback certes immersif mais semblant plus servir de bouche-trou à une introduction construite qu'autre chose, gêne dans la mesure où l'on ne regrette pas une seconde la mort du gamin tant il nous était inconnu et inintéressant.


L'ambiance sonore du métrage s'avère relativement minimaliste et manque parfois à susciter une réelle émotion malgré l'apparente volonté de l'équipe du film d'illustrer par ce choix le minima de la personnalité de Hugh face au traumatisme rencontré. Evidemment, et heureusement d'ailleurs, la confrontation entre ces deux monuments de charisme que sont DiCaprio et Hardy est des plus plaisantes, résumant à elle seule le scénario du film, elle demeure jouissive de bout en bout pour se conclure dans un affrontement virtuose et délicieusement macabre. Le fond est ici dominé par la forme car le récit y est simpliste, il maintient cependant l'intensité de ses enjeux jusqu'au dénouement final et satisfait en cela.


The Revenant est un film globalement très immersif et techniquement impressionnant, son succès tient principalement tant à son originalité (époque, lieux) qu'à la valeur de son équipe technique mais il ne saurait être dissocié des performances réellement saisissantes de ses deux monstres de casting, DiCaprio en tête.

krator
8
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le 3 avr. 2016

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krator

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