Après avoir été révélé par sa romance brisée « Blue Valentine », le réalisateur américain Derek Cianfrance creuse son sillon et nous revient encore plus fort avec « The Place Beyond the Pines », un mélodrame familial et policier, profond et poignant, dont il vaut mieux en savoir le moins possible sur son déroulement avant de rentrer dans la salle.

Ryan Gosling joue Luke, un cascadeur qui va user de ses aptitudes de pilote pour faire des braquages, un peu comme dans « Drive » finalement, sauf qu’ici il fait de la moto dans les fêtes foraines et qu’il est en première ligne à chaque hold-up. Et puis surtout, ce n’est que lorsque qu’il découvre, bouleversé, qu’il est le père d’un petit garçon qu’il se lancera dans le crime, afin de subvenir à ses besoins. Ceci dit, tout comme chez Winding Refn, Gosling est entièrement fétichisé par son réalisateur (ce dernier étant lui-même le sosie en moins beau de son acteur, si si vérifiez !) : cheveux peroxydés, tatouages sur tout le corps, dont un poignard sanglant au coin de l’œil, T-shirts crades et troués portés à l’envers, mains pleines de cambouis et un blouson de motard en cuir rouge sur les épaules. Après « Happiness Therapy », Bradley Cooper prouve quant à lui une nouvelle fois qu’il est un acteur sur qui on peut compter, avec un rôle de policier ambitieux, mais voulant bien faire. De son côté, Eva Mendes compose un joli personnage de beauté un peu fatiguée, et toute une galerie de solides seconds rôles (Rose Byrne, Ray Liotta, Bruce Greenwood, Ben Mendelsohn) vient compléter le casting.

Comme sur sa précédente œuvre, Cianfrance continue de jouer avec la temporalité pour créer une narration quelque peu originale, tout en marchant dans les pas des grandes sagas familiales et criminelles de Coppola et de James Gray, même si étrangement j’ai aussi pensé à la trilogie « Retour vers le futur » pour les thèmes abordés, comme l’hérédité et la transmission entre les générations. Cianfrance réussit à créer l’émotion avec une simple photo qui resurgit ou encore avec un plan aérien faisant écho à un autre similaire vu plus tôt, le tout accompagné par la musique atmosphérique de Mike Patton, idéalement composée pour planer au-delà des pins.

Bref, un très beau film sur la paternité et le poids de l’héritage.

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le 29 mars 2013

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X-Ben

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