Une fraude, tout simplement.

Au moment où j'écris cette critique, je n'ai vu que deux films de Nicolas Winding Refn : Drive, qui est légèrement surcoté soit dit en passant, et Bronson, qui lui mériterait plus de visibilité et qui en plus m'a fait découvrir le groupe Glass Candy, la BO était incroyable. Bref.

Je replace vite fait le cadre de ce The Neon Demon :

C'est l'histoire de Jesse, une ado de 16 ans qui veut percer dans le monde du mannequinat. Elle commence par une série de photos amateur faite par un garçon, Dean, et la présente à une agence. Directement, paf, elle est superbe, hops, embauchée (même si elle est mineure) et la voilà lancée dans le milieu. Puis elle fait un casting auprès de la boîte la plus hype du secteur. Évidemment elle nique tout et c'est bon, c'est devenue la queen. Elle noue une amitié avec Ruby, une maquilleuse.

Jusque là on se fait bien chier mais comme il y a "Demon" dans le titre, on se doute que ça va couiller d'un instant à l'autre.

En effet, en même temps que son égo s'accroît, elle ressent davantage de convoitise auprès de ses rivales et se sent de moins en moins en sécurité dans son motel miteux. Avec un félin qui s'introduit dans sa chambre, on peut comprendre. Du coup elle appelle son amie Ruby pour vivre "temporairement" chez elle.

Et là ça vire complètement au loufoque.

Ruby essaie de violer Jesse mais cette dernière l'envoie se faire voir chez les grecs. Par après on la suit faire ses bails nécro avec un cadavre (d'une autre mannequin), puisqu' apparemment elle est thanatopractrice à ses heures perdues. Ensuite, Elle et les deux autres filles de la dream team décident de tuer Jesse et de la manger dans un rituel peu christique pour absorber sa beauté.

Et puis... ben c'est tout. Au revoir Jesse. On voit plus tard les deux autres filles, Sarah et Gigi, continuer leur bonhomme de chemin, faire un shooting dans une villa de luxe. Mais Gigi se sent mal d'avoir manger Jesse. Elle vomit un œil et, n'en pouvant plus, se suicide. Sarah voyant la scène ravale l'œil par terre. Fin. À Liv, la femme la plus belle du monde (je rigole c'est gratuit).

Bon j'ai résumé à la pisse mais si vous lisez cette critique je déduis que vous l'avez vu ou que vous vous en foutez royal.

Du coup, j'avoue que j'étais un peu sur le cul après avoir vu ce film tellement je trouvais que ça sentait l'arnaque, pour pas dire autrement.

Rien n'a fonctionné sur moi.

Pour commencer, je n'ai éprouvé aucune putain d'empathie pour quelconque personnage qui soit. Je suppose que Jesse est construite en tant que protagoniste principale et que par conséquent on est censé rester en phase avec elle, sauf que son développement est purement superficiel et mal amené. Au début on la présente comme une jeune jouvencelle avec des rêves plein les yeux, découvrant ce nouveau monde, mais juste après le shooting nu, boum, je me prends pour la princesse, je suis la plus belle, toutes les autres peuvent crever. C'est le jour et la nuit. Cela s'appuie sur le personnage de Dean qu'on a vu accompagner Jesse tout le début du voyage, celui-ci ne la reconnaissait plus et il n'était pas le seul.

Et j'avoue que j'avais flairé à des kilomètres la réelle nature de Ruby. Dès ses premières répliques, jusqu'au moment où on voit un félin empaillé dans sa demeure. D'ailleurs Jesse passe devant mais évidemment ne fait pas du tout le rapprochement, ce qui ne va pas arranger son cas.

Entre autre, les tentatives de créer une tension sexuelle ne moussent jamais. Mon calbut est resté sec tout le long.

Il y a aussi un Keanu Reeves sauvage qui s'est visiblement échappé. Sérieusement son rôle ne sert à rien.

Et si quelqu'un peut m'éclairer sur le triangle inversé en mode 667, ça m'intéresserait de savoir.

La "méta" lecture est pompeuse à souhait. Tue ou crève. Du génie.

Et avec toute cette couche de plastique par dessus, ce rythme m'as-tu-vu, je trouve ça d'autant plus prétentieux.

Pour ce qui est de la mise en scène, c'est criard au possible. En plus d'être lent et soporifique. Contemplatif pour rien. Les répliques s'enchaînent avec 2 de ping, sérieux j'ai vraiment hésité à doubler la vitesse.

Le seul passage intéressant est la discussion entre Dean et le manager dans le restaurant.

À part ça, c'est creux à en flotter dans l'eau.

Y a quelques bonnes idées comme le moment où Jesse entend la voisine passer un sale quart d'heure. On la voit depuis l'autre côté du mur comme si c'était une ombre. Mais sinon le reste on l'a déjà vu partout genre Répulsion de Polanski avec les mains qui sortent du papier peint.

Niveau photo c'est assez réussi et puis parfois c'est juste des plans. Je me suis pas vraiment pris de claque graphique. Ça reste très correct mais d'une vacuité stérile.

Avec un titre pareil je m'attendais à être sous champis, mais c'est pas un film de Noé.

Les musiques sont plutôt sympas. Étrangement je ne les trouve pas du tout envoûtantes. Limite elles cassaient toute amorce de thriller. Ou alors chuis vraiment un enculé hein. Dommage qu'il y en ai pas plus pour combler ces silences inutiles.

Enfin bon, je pense avoir fait le tour. Si des trucs me reviennent, je les rajouterai.

Pour moi c'est un bon 3 / raté et pourtant je m'attendais à rien de spécial. Autant aller mater une pub pour Channel, on perdra beaucoup moins de temps.

Dans le genre, j'ai mille fois préféré Perfect Blue pour la paranoïa (et son gosse Black Swan), Mulholland Drive pour le schisme avec le réel et la sensualité ou encore le très injustement mal-aimé Showgirls, dont il se rapproche le plus, pour l'envers de la gloire. D'ailleurs, le film de Verhoeven est selon moi à des années lumières de cette pâle production. Beaucoup plus assumé, avec des personnages mieux écrits.

Désolé de devoir comparer, c'est pas très fair mais ça me semblait nécessaire.

Bref, ceci est mon avis, bien cru, certes, mais si vous aimez ce film tant mieux pour vous. C'est le principal. Je suis juste passé totalement à côté. Première fois que je fais une critique sur un film d'ailleurs.

Merci de m'avoir lu et bonne journée :-)

Paynekiller
3
Écrit par

Créée

le 13 juil. 2023

Critique lue 7 fois

Paynekiller

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur The Neon Demon

The Neon Demon
Antofisherb
5

Poison Girl

Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...

le 8 juin 2016

196 j'aime

45

The Neon Demon
Gand-Alf
5

Beauty is Everything.

Le temps d'un plan, j'y ai cru, au point d'en avoir une demie molle. Le temps d'un opening theme fracassant, me renvoyant au temps béni de Blade Runner, et dont les basses me parcourent l'échine avec...

le 20 juin 2016

194 j'aime

6

The Neon Demon
Sergent_Pepper
8

Splendeur et décadence.

La plastique, c’est hypnotique. La bande annonce, le clip, la publicité : autant de formes audiovisuelles à la densité plastique extrême qu’on louera pour leur forme en méprisant le plus souvent...

le 13 juin 2016

149 j'aime

19

Du même critique

Mafia: Definitive Edition
Paynekiller
5

« Monsieur Salieri vous salue bien »

Un remake mieux dans mes rêves. Voici un bref résumé de mon expérience sur Mafia : Definitive Edition, le remake que j'attendais fort du premier de la série des Mafia qui date de 2002. [DISCLAIMER] :...

le 2 nov. 2020

9 j'aime

Road 96
Paynekiller
5

Le roguelite du walking simulator ?

Je fais du stop ou j'en mets un ? J'avais, comme certains, été intéressé par ce jeu qui se voulait assez audacieux pour sa formule. Le road trip procédural qui générerait les événements de manière...

le 22 août 2021

8 j'aime

2

!
Paynekiller
4

« J'fais pas d'la magie, donc crois pas qu'c'est magique »

Démon, démon, swing, swing, swingmenace Santana est un rappeur de Lyon que j'ai découvert l'année passée sur ses freestyles covid (je vais pas m'exprimer sur ce nom lol). Même si dans l'ensemble je...

le 9 nov. 2022

5 j'aime