De bons acteurs ne font pas de ce film bourgeois, bavard, prétentieux et inintéressant une réussite.

Noah Baumbach est un cinéaste américain indépendant pur jus. On le sait, ses films représentent peut-être même la quintessence de ce qu’est le film d’auteur américain. Mais aussi ses pires travers comme il peut y en avoir des similaires pour son cousin français. En gros, les personnages de ses films sont des bourgeois ou des artistes, ses films parlent souvent des rapports humains à la sauce philosophique et ses dialogues sont fort chargés et très présents. Quand on regarde un de ses films, on sait ce qu’on va voir et, en effet, on y trouve des similitudes avec le cinéma de Woody Allen (crises existentielles, New York, humour intello, ...). Certains adoreront, d’autres détesteront mais ses films ont le mérite d’exister et de faire vivre ce sérail indy. Mais la plupart du temps, ils sont trop particuliers, trop réflexifs et finalement très peu distrayants et pas vraiment plaisants si on ne goûte pas à ce type de cinéma nombriliste, contrairement à la plupart des œuvres du cinéaste binoclard justement. Du surcoté « Frances Ha » à « While we were young », on est rarement emballé et « The Meyerowitz Stories » ne déroge pas à la règle. C’est même son film le moins intéressant et de loin.


Il a été tourné bien avant « Marriage Story » qui contredisait cet état de fait l’an passé, tant il synthétisait à merveille cinéma d’auteur et film plus accessible et populaire avec brio. Baumbach a réalisé son chef-d’œuvre, beau et tragiquement fort, et de découvrir son film précédent après ne joue clairement pas du tout en sa faveur. En effet, c’est plutôt mauvais, c’est vain et c’est prétentieux pour rien. Si ce n’est une belle distribution qui se régale de ce type de rôles à Oscars avec des personnages un peu fous ou en proie à des névroses diverses, on s’ennuie et on ne voit vraiment pas l’intérêt de la chose. On suit donc une famille faite d’un artiste new-yorkais au crépuscule de sa vie, de ses diverses femmes et de ses enfants issus de différents mariages dans leur problèmes personnels et c’est aussi intéressant que de regarder l’album photo de gens inconnus. Leurs soucis, leurs remises en question et leurs névroses nous indiffèrent au plus haut point et les personnages sont pour la plupart antipathiques et si loin de nous qu’il est impossible de s’y identifier. De plus, dans « The Meyerowitz Stories » c’est comme si chacun jouait de son côté ou dans un film différent lors des longues scènes de dialogues. Étrange et vraiment pas très engageant.


De plus, le montage est vraiment particulier tout comme la manière dont le film est découpé en chapitres. C’est comme si le réalisateur avait choisi de nous montrer des morceaux de vie banals et pris au hasard, sauf que le choix est clairement mauvais. Ajoutons à cela des ellipses étranges et on se retrouve face à une œuvre peu aimable et qui ne passionne jamais hormis au détour de quelques répliques bien envoyées ou une ou deux situations amusantes. Mais cela ne fait certainement pas un film. Et que dire de ses litanies de dialogues inintéressants entre psychologie de bazar et philosophie de comptoir... Heureusement que les acteurs sont bons mais dans un film pareil, difficile de les acclamer. On termine donc ce pensum familial sur, entre autres, la filiation et l’art très circonspects et on espère que les prochaines œuvres de Noah Baumbach seront davantage de l’acabit de l’excellent « Marriage Story » que ce film insignifiant et agaçant.


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JorikVesperhaven
4

Créée

le 18 sept. 2021

Critique lue 255 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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