Ceci est un biopic, ce n'est pas un Indiana Jones

Le personnage de Percy Fawcett est assez incroyable. Voir l'évolution d'un homme de sa trempe, aussi progressiste en son temps, qui na pas hésité a entreprendre un tel voyage, tous les sacrifices qu'il a dû consentir, son entourage qui en est témoin (directement ou indirectement), c'est un véritable appel à l'aventure. Sa quête, son obsession et son besoin d'aventures sont parfaitement retranscrits sur grand écran par James Gray. Sa mise en scène accentue cette folie et cette obsession humaines pour l'inconnu et la gloire personnelle.


Au début du vingtième siècle, un explorateur du nom de Percy Fawcett (Charlie Hunnam) est envoyé en Amazonie pour faire la cartographie des lieux. Il va alors découvrir les vestiges de ce qu'il croit être une cité perdue et qu'il nommera The Lost City of Z. On va alors suivre son évolution durant plusieurs décennies, qui vont l'amener à faire de nombreux aller-retour en Amazonie (seulement interrompus par la première guerre mondiale) dans l'espoir de découvrir cette cité perdue qui l'obsède tant.


The Lost City of Z brille par sa mise en scène et sa direction artistique. Le film regorge de séquences marquantes, entre réalisme et onirisme. Ainsi, la scène de chasse du début et la scène du balle m'ont immédiatement fait penser à The Deer Hunter et à Heaven's Gate de Michael Cimino. Le travail sur les costumes et la lumière, le soin apporté à la reconstitution et la photographie qui jouent sur les teintes jaunâtres, nous rappelle immanquablement tout le cinéma de Michael Cimino. Et bien sûr, comment ne pas penser à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola aussi. Quelques scènes "magique" arrivent en pointillé au fil du récit (particulièrement la rencontre avec les indiens sur la rivière et le passage avec la voyante), le tout enrobé de scènes parfois épiques pour montrer l'hostilité de l'environnement ... comme dans Apocalypse Now. On sent bien que James Gray s'est nourri de ses nombreux pères, mais c'est surtout le cinéma de Micheal Cimino et de Francis Ford Coppola qui semblent l'avoir particulièrement inspiré ici.


Le film s'inscrit dans la grande tradition des films d'aventure, mais c'est aussi et surtout un biopic et une odyssée humaine. La réussite du film dépend donc beaucoup de son casting et pour le coup c'est un véritable casting cinq étoiles. Charlie Hunnam n'aura jamais était aussi bon et aussi investi dans un rôle. On sent que que le rôle de Percy lui tenait à cœur. Quant à Robert Pattinson, il prouve ici que c'est un excellent acteur, qui sait briller même dans un rôle quelque peu en retrait. Sienna Miller, Angus Macfadyen, Tom Holland ... tous apportent une part de sincérité a leur personnage et du réalisme au film.


Le film est peu sanglant, malgré les flèches, les cris et l'environnement hostile. La photographie sublime du film joue forcément sur cette impression de douceur. La dureté de la jungle et le danger permanent passent au second plan, ça manque d'intensité pour un périple vers l'inconnu. Ce n'est pas assez épique à mon goût et l'aventure est un peu pantouflarde, quoi ! J'ai en quelque sorte eu l'impression de voir un Indiana Jones du pauvre, mais le film ne fait absolument pas cheap pour autant. La reconstitution du Londres de début du vingtième siècle (décors et costumes), la séquence sur la première guerre mondiale et les séquence dans la jungle sont même carrément impressionnantes. Alors je sais bien que The Lost City of Z et Les Aventuriers de l'Arche Perdue ne boxent absolument pas dans la même catégorie, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Indiana Jones en regardant les aventures de Percy Fawcett.


A l'inverse, les longueurs du film ne m'ont pas gêné. Elle permettent de développer les enjeux de société et au sein de la famille et nous font ressentir l'impatience du voyage. Ce sont même ces séquences qui développent la psychologie de Percy Fawcett, qui m'auront finalement le plus intéressé. Le contraste entre la société moderne et le monde qu'il découvre est bien retranscrit ici. Les valeurs de départ du personnage et ses objectifs de reconnaissances changent en parties pour des choses moins "superficielles" et plus "profondes". Et puis la fin est un véritable crève cœur, une fin qui reste fidèle au destin (supposé) de Percy Fawcett.


The Lost City of Z est un rêve, celle de découvrir cette cité perdue, mais un rêve pas si fou que ça. La folie n'est pas au bout du voyage, c'est la paix avec soi-même. La recherche de l'inconnu, la force d'un au-delà qui fait avancer les découvreurs et les précurseurs, est un message humaniste fort de sens. C'est aussi une expérience à vivre au cinéma, je pense. La sublime photo du film et l'ambiance sonore sont à apprécier en salle et on y perd beaucoup lors du passage sur petit écran. Mais que ce soit sur petit ou sur grand écran, c'est un film qui gagne à être redécouvert, car le message reste le même, fort, beau et touchant.

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le 28 nov. 2021

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lessthantod

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