Présenté à Cannes l'an passé, ce film promettait d'être un pur ovni, écrit et réalisé par le Grec Yorgos Lanthimos, The Lobster faisait incontestablement parti des films que j'attendais.


Nous voici donc face à une comédie dramatique située dans un avenir proche, avenir où les hommes et les femmes si ne sont pas en couple se verront transformés en animaux. Idée purement étrange et pour le moins originale, nous simple spectateur de ce futur peu tentant allons suivre David, un moustachu bedonnant arrêté après avoir été délaissé par sa femme et emmené dans un Hotel où il aura 45 jours pour trouver une compagne où alors il se verra changé en animal de son choix, le homard sera son choix. Chaque jour un événement a lieu, les résidents de l’hôtel se voient attribuer des fusils à tranquillisants et partent chasser dans la forêt, pour chaque solitaire touché, ils se verront attribuer des jours en plus avant la transformation. David pressé par les événements finira par fuir dans la forêt où il retrouvera ces fameux solitaires qui ne sont autres que des résistants voulant échapper à ce destin animal, il y trouvera parmi eux une femme auquel il s'attachera.
Voilà un résumé de ce qui nous attend sur deux heures, la lenteur de l'oeuvre limite contemplative grâce à cette photographie léchée et ternie, tout simplement magnifique, ainsi que par son histoire qui se joue comme une boucle, chaque jour est assez similaire, peuvent rendre l'oeuvre très pénible voire même chiante pour certains. Qu'en est-il de moi ? Bah j'ai adoré cette ambiance directement attribuée au panier des ovnis, une recherche d'émotions tragi-comique, et tellement étrange, tellement absurde parfois que le rire ou un simple sourire vient se jouer sur notre visage. C'est clair qu'on est pas sur une oeuvre très accessible, il faut se laisser porter et ce totalement par le récit, tout en suivant ce personnage très attachant.


Il est clair que les sensations et les émotions sont quasiment absentes du long métrage, d'où je pense cette photo terne qui symbolise sans nul doute le manque de joie, le manque d'amour, le manque de vie tout simplement. Techniquement le Grec bluffe, la mise en scène est superbe, la réalisation posée magnifie les décors, qu'en à la BO aux sons brutaux et à la musique classique, elle marche complètement. Pour incarner ces destins brisés, nous retrouvons en tête un Colin Farrell grossi qui dénote complètement de tous les rôles qu'il a pu faire auparavant, sans avoir tout vu de lui, je pense que c'est un des rôles où il se donne le plus, et ça se ressent. Rachel Weisz, solitaire aveuglée apporte un charme et une tendresse à l'histoire, ainsi qu'un but au personnage de David. Les seconds rôles comme ceux de John C. Reilly et Ben Whishaw sont eux assez amusants, la prestation des acteurs étant très juste, Jessica Barden, Olivia Colman et la frenchie Léa Seydoux comblent parfaitement ce casting atypique.


En bref, je ne serais sans doute pas capable de faire une analyse du métrage, et ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus pour le moment, j'y ai trouvé un très bon et beau film, amusant et triste, jouissif et fade, à la fin particulièrement humaine, moi qui adore les écrans noirs de fin après une scène qui nous laisse avec des questions plein la bouche, j'ai été servi. Peut être pas un film que je reverrais toutes les cinq minutes mais qui restera une très belle découverte et une oeuvre incontestablement unique.

-MC

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