Le chant du cygne pour Altman
Avec « The last show », titre ô combien de circonstance, c’est un lourd rideau de pourpre qui se referme sur l’œuvre impressionnante et atypique de Robert Altman. Après M.A.S.H son premier succès international, en passant par « Trois femmes », « The Player » ou « Short cuts » il signe ici un film troublant imprégné d’une mélancolie profonde tout en gardant un œil vif et son humour caustique.
"A Prairie Home Companion", show radiophonique suranné se joue tous les samedis soirs depuis trente ans. Avec les mêmes artistes, la même équipe qui n’ont trouvé d’autres opportunités pour proclamer leurs petits talents. C’est le dernier soir, le théâtre qui accueille l’émission sera rasé pour faire un parking, et tous se retrouveront dehors avec comme seule indemnité leurs musiques et leurs souvenirs joyeux, tendres ou amers.
C’est donc le show final, le dernier baroute d’honneur pour ces hommes et ses femmes qui ne trouvent plus écho dans une société devenue féroce, mais qui garderont malgré tout leur dignité et leur volonté de continuer jusqu’à la mort. La mort d’ailleurs qui plane sur tout le film au propre comme au figuré. Altamn nous propose une véritable parabole de son propre vécu. Il est un des derniers dinosaures à travailler en indépendant à Hollywood, et sait qu’après lui le flambeau ne sera pas transmis. Son cinéma ne survivra que dans la pensée à l’image de « sa femme mystérieuse » déambulant dans les coulisses.
A noter également la bande originale aux tonalités très country où s’éclatent de vrais chanteurs mais également des acteurs comme Meryl Streep, John C. Reilly ou Lily Tomlin, et la présence au générique de Kevin Kline, Tommy Lee Jones et Virginia Madsen. Tous portent cette œuvre avec simplicité et beaucoup de bonne humeur et rendent au réalisateur un hommage à la hauteur de sa générosité.