[Spoilers impitoyables]
Synopsis: une famille de satanistes décide de sacrifier ue jeune fille pendant une éclipse lunaire totale mais, parce qu'elle ne sait pas s'organiser correctement, se fait exterminer par ladite fille.
Ou encore: après de nombreux signes montrant que c'est une très mauvaise idée, une jeune fille irresponsable entraîne son amie stupide dans une affaire douteuse. L'amie stupide en gagne une balle dans la tête et la jeune fille irresponsable un Antéchrist dans l'utérus.
Je suppose que dans sa volonté d'imiter le style des films d'horreur des années 80, ou plutôt 70 dans les faits, Ti West a cru judicieux d'en exporter non seulement le style visuel (que je ne trouve pas vraiment marqué d'ailleurs, hormis quelques gros clichés: zoom à l'italienne malvenu et police d'écriture rétro, le tout pendant les crédits du début pour qu'on ne se trompe pas sur la marchandise) mais aussi—et surtout—le rythme languissant et le scenario consternant. Quoique c'est possible qu'il n'ait simplement pas eu le talent d'écrire quelque chose de potable.
Tout le monde passe pour un idiot dans ce film, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus ennuyé. J'ai été gêné en fait par des éléments à mon avis dispensables, qui empêchent qu'une empathie naisse envers le personnage principal. D'autant plus dommage que ça commence correctement. D'abord, Megan, l'amie de l'héroïne, rendue délibérément énervante (j'avoue ne pas comprendre pourquoi on ferait une telle décision lors de l'écriture du scenario): quand l'auteur de l'annonce de baby-sitting avec lequel Samantha avait convenu d'un rendez-vous lui pose un lapin, Megan lance l'idée de se venger en arrachant tous les placards de l'annonce, afin que son auteur ne reçoive aucun appel. Samantha refuse, évidemment, mais Megan le fait quand même. Megan est décidément trop conne pour comprendre qu'un rendez-vous peut être rompu pour de nombreuses raisons, et que de tout manière Samantha n'y était pas assez engagée pour en vouloir à l'auteur de l'annonce. Et peut-être l'auteur de l'annonce avait changé d'avis? C'est impoli de le faire sans prévenir, mais il n'y a pas de quoi faire un drame...
Ce n'est pas le seul tort de Megan. En retournant chez elle et s'arrêtant dans un cimetière la nuit, elle fait bravement confiance au premier venu, apparu sans prévenir et ayant des manières étranges. Ça ne réussit pas à Megan...
Je n'insisterai pas sur toutes les raisons offertes à Samantha pour qu'elle s'apercoive que quelque chose cloche sérieusement. Sa détermination à tomber dans un piège est remarquable, mais elle a ce qu'elle mérite, je suppose.
J'insiste par contre sur plusieurs éléments la drainant de toute ma sympathie. En tant que baby-sitter ou, dans son cas, de présumée assistante de personne âgée, elle a si peu à faire. Elle a seulement à être alerte pendant quelques heures et user de sa discrétion afin que tout se passe pour le mieux. Mais que fait-elle de sa discrétion et de son attention? Discrétion: elle s'assoit en tailleur sur la canapé, mais garde ses baskets, elle fouille la maison (y compris dans les tiroirs d'un bureau de travail), elle joue au billard dans le sous-sol où personne ne l'a invitée; attention: elle se met à danser en mettant son casque audio et sautille par toute la maison, y compris sur le canapé (toujours chaussée), alors que non seulement elle est censée surveiller une vieille dame, mais qu'en plus elle attend la venue d'un livreur de pizze. Ai-je besoin d'ajouter que danser comme elle fait, si en plus la maison a un parquet en bois, fait beaucoup de bruit gênant, surtout si on dort? Et parce qu'en plus elle ne regarde pas où elle va, elle casse un vase—bien fait pour elle. Si son employeur du soir ne voulait pas la sacrifier à Satan, il aurait pu réduire sa paye significativement.
Les satanistes ne sont pas en reste. Leur plan est vraiment mauvais, leur préparation amateur, leur exécution pathétique. En plus, quand Samantha parvient à se libérer des cordes mal attachées, ils tombent comme des mouches, ne se défendant même pas.
Et ce film éprouvant d'ennui—hormis une ou deux séquences angoissantes durant le troisième tiers, je concède,—s'achève avec deux choses qui m'ont fait lever le sourcil d'incrédulité. La première est le "suicide" de Samantha, intelligent... ou pas... en fait, incohérent avec ce qu'elle sait et avec ce qui a été montré de son personnage (montrant un comportement de survivant). La seconde est la conclusion où elle est miraculeusement sauve, et le bébé de Rosemary aussi, alors que les circonstances de son suicide sont telles que la scène finale semble postiche (elle est dans un cimetière, la nuit, dans un endroit reculé, accompagnée seulement d'un sataniste infirme et mourant).