The Grand budapest hotel nous raconte l'histoire de Gustave H (concierge respecté du Grand Budapest) et de son lobby boy Zero Moustafa qui vont essayer à tout pris d'échapper aux méchants héritiers de la comtesse Céline Villeneuve qui a légué le tableau du garçon à la pomme à Gustave. C'est a grand coup de pays, nazi, couleurs imaginaires que Wes Anderson nous embarquent dans un véritable road-movie composé d'action, d'évasion et de poursuite à tout va.


Pour débuter, j'aimerais parler de la structure du film qui m'a, en quelque sort, fait penser à celle de Reservoir Dogs, je m'explique. Le film commence avec une petite fille qui se rend dans un cimetière pour aller voir la tombe de l'auteur du livre éponyme The Grand Budapest Hotel, et là 1er flash-back (ou séquence d'approfondissement comme dirais Quentin). On se retrouve donc en 1985 avec l'auteur du livre qui nous explique que la créativité des auteurs vient de leur capacité à écouter et à analyser, puis, 2ème flash-back, nous sommes téléporté dans les années 60. Alors en villégiature au Grand Budapest (hotel presque à l'abandon), va faire la rencontre de Zero Moustafa qui va l'inviter à dîner pour lui raconter son histoire, 3ème flash-back et là l'histoire commence vraiment. On se retrouve donc dans les années 30, à la grande époque de l'hôtel, ou l'on voit les débuts de Zero Moustafa avec Gustave H. Je dois dire que j'apprécie particulièrement cette construction en poupée russe car elle donne énormément de relief à l'histoire et contrairement à ce qu'on pourrait croire notre esprit ne se perd absolument pas.


La recherche du père absent, le thème de l'orphelin, l'amour entre enfants, l'adulte non-responsable, autant de sujets qui sont des pierres angulaires dans l'oeuvre de Wes Anderson sont plus ou moins présentes dans ce film. Moustafa n'a plus de famille, c'est un immigré qui a fuit la guerre. Gustave H est un concierge coureur de jupon des dames âgées de plus de 60 ans. On ne connait rien de sa famille. Il est bisexuel ? sensible et aime les poèmes et le parfum. Anderson va réussir à faire marcher ce duo improbable, on sent que Moustafa trouve une sorte de figure paternelle envers Gustave, il lui apprend des valeurs, des manières de se comporter. Il lui donne des repaires tout simplement. On retrouve l'amour entre enfant avec évidemment Agatha et Moustafa, les deux étant innocent et profondément gentils.


L'humour du film est discrète et très classe, très élégant. Ce qui illustre le mieux cela, c'est le Running gag de Gustave H qui dit ses poèmes et que tout le monde commence à manger sans l'écouter. L'humour autour des poèmes revient régulièrement en étant discret mais il marche. D'ailleurs à la fin Moustafa et Agatha commencent à en dire. C'est une formule comique bien connue mais efficace. On expose un personnage avec un comportement et des hobbies bizarre et à la fin les personnages secondaires adhèrent à ses passions bizarres.


Niveau technique, pareil que pour Moonrise Kingdom je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dit cependant je me sens obligé de parler des couleurs, des décors et du choix des différents formats. Les couleurs sont splendides dans ce film, le mélange du rose sucré de l’hôtel avec les couleurs chaudes, rouge et jaune de l’intérieur de l'établissement sans oublier le blanc pur de la neige et le gris bleutée de la prison... C'est un vrai cocktail qui vient appuyé le coté sucré et décalé de cet univers à moitié fictif. Les décors sont très travaillés et couvre, je pense, une grande partie des dépenses du film. On pense évidemment à la maquette de l'hôtel ou à la prison mais encore à l'intérieur magistrale du Grand Budapest et aux téléphériques. Enfin, les formats qui changent et qui s'adaptent aux époques est une idée complètement originale que je n'avais jamais vu dans un film contemporain jusqu'à lors. On retrouve 3 formats pendant le film : en 1,37:1 pour les années 1930, en format large anamorphosé pour les séquences des années 1960 et en 1.85:18 pour les années 80 à aujourd'hui (merci Wikipédia). Petit clin d’œil personnel à Dolan par rapport à l'utilisation du format au cinéma. On peut également parler des costumes qui rentre parfaitement dans le coté imaginaire et surréaliste de cet univers (je pense au costume violet de concierge de Gustave H, de son parfum et de sa coupe de cheveux parfaitement plaqué, Darling !).


Ce film m'a également fait ressentir beaucoup de nostalgie. Quand on voit Moustafa dans les années 60 dans son vieil hôtel quasi à l'abandon, on ne peut s'efforcer de penser au temps de gloire de l'établissement, à l'aventure maintenant passé. On retrouve le même sentiment quand il parle d'Agatha. Ce film parle aussi, à mon sens, du respect de l'ancien, de notre père de substitution ou pas. Respecter l'ancienne génération et l'héritage qu'elle nous offre.


Niveau musique il y a une bande sonore complètement originale qui permet d'encrer le film encore plus dans les pays de l'est de l'europe car cette bande son se compose de balalaïka (un instrument de musique populaire en Russie notamment). Alexandre Desplat et Anderson ça marche fort.


Pour conclure, The Grand Budapest Hotel constitue une forme de quintessence (pour l'instant) dans la filmographie de Wes Anderson. Que ce soit dans les visuels, son style de réalisation ou dans la narration, il n'a jamais fait mieux que dans ce film. Coloré, sucré et décalé.


PS : Pourquoi Moustafa devient blanc avec l'âge ?

lecinematologue
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Créée

le 28 mai 2018

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