Quel gâchis... Deux impressions prédominent en sortant de la séance : un vrai sentiment de s'être pris une claque visuelle d'une part, mais surtout un vrai agacement de voir autant de moyens mis au service d'un film qui s'effondre sur lui-même tant il veut trop en faire.
Au premier abord, on se dit que Wes Anderson culmine au sommet de son art. Le travail abattu pour aboutir à autant de trouvailles visuelles paraît hallucinant. On retrouve tous les tics visuels du réalisateurs entre les cadrages symétriques, les longs travellings de côté... Mention spéciale pour le magnifique passage animé sur la fin, qui rend hommage à Angoulême (où a été tourné le film) et à sa bande-dessinée. Wes Anderson nous propose ainsi une vrai vision de sa France fantasmée, qui malgré son côté gentiment parodique, ne tombe jamais vraiment dans le pastiche de mauvais goût. Je pense notamment à ce superbe moment au début du film où la caméra en plan fixe regarde la ville d'"Ennui sur Blasé" se réveiller comme une petite fourmilière.
Et pourtant, tout ça pour ça. Le film ne fonctionne absolument pas pour un bon paquet de raisons. D'une part tout va trop vite : un prologue, 3 chapitres et un épilogue qui s'enchaînent à une vitesse folle, et qui ne laissent aucune place au moindre temps mort. Passé la première heure de film, j'ai littéralement eu l'impression de subir les images, et je ne demandais presque qu'une chose, que le film se finisse. Pour rajouter à ça, certains segments sont à la limite de l’incompréhensible, notamment à cause de leur profusion de dialogues (dans un langage assez soutenu, fatiguant à lire et à comprendre aussi vite) qui nous bombardent de listes à la Prévert inutiles et qui nuisent réellement à la bonne compréhension de ce qui se passe. Impossible de suivre à la fois les dialogues et les images. J'en suis arrivé à un point où le film est tellement verbeux (notamment sa dernière partie avec le cuisinier asiatique) que j'avais envie de frapper les personnages.
En parlant de personnages, ils ne peuvent jamais réellement exister tant on voit à leur place, toutes les stars qui les incarnent. Le casting est rempli d'une bonne trentaine d'acteurs que l'on voit d'habitude dans des premiers rôles. Et cela dessert clairement le film. Quelques acteurs viennent sauver le tout (Amalric en premier lieu), mais rien à y faire on n'y croit pas, à rien, et on finit par absolument rien ressentir.
Enfin, cette impression de profusion passe également par la trop grande variété d'images et de trouvailles visuelles : on passe notamment du noir et blanc à la couleur sans aucune raison et à de trop nombreuses reprises dans le film.
Bref, The French Dispatch est un très beau ratage. Malgré tout le talent de Wes Anderson, on a la ferme impression qu'il a eu à sa disposition tous les moyens qu'il voulait pour ce film, sans aucune limite et qu'il en fait 100 fois trop. Et puis, il faut quand même dire que le vrai grand problème du film finalement, c'est qu'on voit Léa Seydoux pendant un bon tiers du film. Et ça, tout le talent du monde ne pourrait résoudre ce problème.