TDK Trilogy - Tome II : Combattre le chaos
The Dark Knight (2008), est le deuxième volet de la trilogie consacrée à l'homme chauve-souris par le réalisateur Christopher Nolan. Il met aux prises les mêmes acteurs que Batman Begins, exception faite de Maggie Gyllenhaal, qui vient remplacer une Katie Holmes pas assez crédible pour cet univers noir, et de l'arrivée, bien sûr, d'Heath Ledger.
Après un premier film basé sur l'arrivée à maturation du personnage de Batman à travers la complexité de la peur apprivoisée par Bruce Wayne, Nolan nous présente ici un film beaucoup moins centré sur l'homme chauve-souris. Nolan veut cette fois-ci nous emmener ailleurs. A l'intérieur de notre propre crainte, de notre propre terreur. En effet, dès la première scène, on comprend que le spectateur va être plongé dans les tourments de sa propre époque, par l'intermédiaire du vol, du meurtre et, bien entendu, du terrorisme.
Car, si le mot est répété plusieurs fois durant le récit, il s'agit bien là d'un conte sur le symbole du terrorisme que représente le Joker : frapper n'importe qui, à n'importe quel moment. C'est donc le chaos, à travers tous les bas sentiments de la pensée humaine mis en exergue par les situations critiques, dont Nolan traite. Tout ceci rend le récit d'un réalisme frappant et bluffant. Le Joker incarne toutes les peurs américaines de ce début de siècle. Et ainsi, lorsque Christian Bale prononce ces mots "Les gens meurent. Que puis-je y faire ?", on se croirait entendre le lointain écho de notre petite part de conscience concernée par tous les maux de notre temps.
Mais TDK n'est pas qu'un film sur les symboles. Il est aussi un film porté par des acteurs extraordinaires, à commencer, bien sûr, par Heath Ledger. Ce dernier finit par incarner le Joker à tel point qu'il a pour beaucoup changé l'imagerie qu'on se faisait de ce personnage mythique de comics. Combien de scènes géniales rien qu'à lui dans ce film ?
Le revers de la médaille à une telle interprétation est qu'on prête presque moins attention au héros central, qui reste Batman. Maggie Gyllenhaal, c'était à prévoir, semble plus crédible à jouer la bureaucrate dans cette ville d'ombres et d'obscurités que Katie Holmes. Et mention spéciale à Christian Bale dont le charisme éclabousse chaque scène où il apparaît, masqué ou non.
Concernant la mise en scène, elle est certes basique, car adaptée à un public large, mais sert à merveille ce rythme. Et quel rythme ! Un film de plus de 2h20 a-t-il déjà paru aussi court ? Et ne passez pas à côté d'une scène, car le scénario est tellement bien ficelé que vous pourriez louper un élément important au moment où vous vous y attendrez le moins...
Pour finir, et pour faire court (car l'on pourrait écrire sur TDK des pages et des pages), je mettrai l'accent sur la représentation sans cesse mise en scène par Nolan pour tenter de nous aiguiller sur SA façon de voir les choses. Ainsi, la dernière image du film, tout le monde s'en souviendra, présente Batman, fuyant les forces de l'ordre, en se dirigeant vers un point très lumineux, au moment où Gordon, en voix-off, l'appelle "Chevalier noir". On peut alors penser que Nolan nous incite à penser qu'en des temps de crise extrême comme peut les connaître toute société à travers les âges, engendrant le chaos susnommé, le jugement n'est pas aussi facile à porter sur les idées de vérité et de mensonge, et plus largement sur les choix nécessaires à faire pour répondre à de telles situations.
Si c'est évidemment plus un débat qu'une simple question, Nolan a le grand mérite, pour le coup, d'insinuer dans un film à gros budget et pour tout public, une réflexion bien plus intellectuelle que ne pourraient le faire de nombreux films de cette catégorie.
Bref, si vous ne l'avez toujours pas vu, précipitez-vous acheter/louer le DVD !
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