Dis que tu parles du passé sans parler du passé

The Creator, pur film d'anticipation plus que de SF à mon avis, nous parle autant du passé que du présent ou du futur.

Des images belles mais évocatrices

Avec une grosse partie du film se déroulant en Asie, Vietnam, Thailande, Népal..., Edwards propose de nous faire voyager dans de magnifiques paysages, ceux que n'importe quel occidental a quand il pense tourisme dans ces contrées. Evidemment, l'Hymalaya, évidemment le Mékong, évidemment ces belles plages de Thaïlande... Mais ce n'est pas gratuit. On n'est pas sur un dépliant d'agence de voyages. Je me suis vite mis (des raccourcis d'occidental, peut-être ?), dans les images des films sur la guerre deu Vietnam, ces rizières, ces baies, cette végétation luxuriante, c'est Platoon, Full Metal Jacket, Apocalypse Now, Voyage au bout de l'enfer. On veut nous remettre ce contexte de la guerre des Etats-Unis contre le Vietnam, évidemment.

Pour quelle cause ?

C'est ça le problème. Tout veut nous amener à penser que les Etats-Unis mènent une guerre juste puisque les IA, devenues extrêmement perfectionnées, notamment en termes de réplique des comportements humains, sont également devenues surpuissantes. En effet, elles ont même détruit Los Angeles (ceci n'est pas un spoil, on commence presque par cette information). Elles sont devenues un peuple, allié, mélangé avec la Nouvelle Asie.

Mais on devrait se douter qu'il y a un piège. Quand on voit un général haut gradé parler au parlement américain, on sait qu'il va nous bullshiter.

Et quand on voit Nomade, l'arme de mort des ricains, on ne peut pas penser à autre chose qu'à l'holocauste nucléaire. Même si, évidemment, elle ne fonctionne pas sur le même principe. Mais on pense à une guerre presque aveugle, inhumaine (une machine contre des humains et des IA).

Une mécanique classique

Dans ce film, la force, c'est la puissance évocatrice, les références aux films de guerre du Vietnam comme je l'écrivais, mais aussi Blade Runner ou Terminator, ces images qui nous sont familières parce que le progrès n'a pas complètement changé les modes de vie, mais parsemé malgré tout d'évolutions technologiques, outre les IA, bien sûr.

Parce que dans les ressorts scénaristiques, on est sur du "commun", si j'ose dire : une armée puissante contre des résistants, un héros révolté et mu par l'amour, des méchants méchants et des gentils gentils (sur ce point, j'exagère un peu, d'accord).

Mais oui, on prend du plaisir à ce film. C'est divertissant, et ça propose également une réflexion sur les IA, que je traduirais ainsi : une IA, ressentira-t-elle vraiment un jour des sentiments, ou n'est-elle que simulation pour les siècles des siècles ?

Je pense donc je suis ou je crois penser donc je suis ?

Gareth Edwards semble avoir une réponse à cela. Je ne sais pas si je le suis, mais je le remercie de nous amener à cette réflexion avec un film réussi.