Comment raconter l'amitié en ne se focalisant que sur ce qui la détruit. Ce Climb nous amène d'emblée à juger Kyle et Mike, deux amis d'enfance qui se bouffent l'un l'autre dès qu'une relation amoureuse les éloigne. La métaphore lourde était à craindre après cette première scène très drôle, où Kyle avoue à Mike qu'il a couché avec sa femme tandis qu'ils grimpent un col à vélo. Verrait-on des références constantes à une prétendue interdépendance entre les deux, à l'image de deux coureurs luttant pour atteindre le premier un sommet ? Pas du tout (hormis la dernière scène, très lourde). Covino a plutôt fait dans la subtilité narrative, à travers de larges ellipses, pour accentuer le sentiment de fatalité. Chaque chapitre - il y en a huit - alliant continuité et rupture par rapport à ce que l'on a vu précédemment. L'ensemble suggère le temps qui passe et qui emporte les certitudes, traçant une voie incertaine dans une relation amicale aussi toxique qu'empreinte de non-dits. Les nombreux plans-séquences et la caméra distante m'ont plutôt donné l'impression d'un formalisme excessif, mais je préfèrerai toujours la prétention audacieuse à l'humilité sage ; d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un premier film comme celui-ci et que le cinéaste impose ainsi le début d'une signature, même un peu maladroite.