Deux flics surveillent la maison d'une femme qu'un meurtrier est susceptible de rejoindre. Harikomi est un film de suspense lent et bien plus encore. Il commence par 10 minutes de voyage en train où il ne se passe strictement rien, si ce n'est un défilé de gares. Etonnant. Suit la longue attente des deux policiers planqués qui observent leur appât au loin. Le film dure près de deux heures et il n'est jamais ennuyeux. Par quel miracle ? Par ce qu'on nous donne à voir de la vie routinière d'une ménagère japonaise ; par des flashbacks admirablement insérés dans le récit qui non seulement rappellent le fin mot de l'affaire criminelle mais donne aussi un aperçu de la vie privée de l'un des deux flics ; par la voix off de ce dernier, utilisée avec parcimonie, sondant ses pensées intimes et le faisant évoluer dans ses propres décisions de vie. Bref, c'est contemplatif et captivant jusqu'à une des dernières scènes, contemplative et pastorale, où notre condé joue les voyeurs. Seul reproche au film : avoir filmé presque constamment la merveilleuse Hideko Takamine de loin et en marche, sans quasiment une parole prononcée. Peu ou pas connu en occident, Yoshitarô Nomura possède une grande notoriété au Japon où ses films sont au moins aussi appréciés que ceux d'Akira Kurosawa.