pouce bleu

Tout a plus ou moins été déjà écrit sur ce nouvel opus de la franchise Zorro. Enthousiaste sans plus, je me rendais en salles pour découvrir le bousin sans trop savoir à quoi m'attendre. En cause, ma lassitude toujours croissante du genre super-héroïque à grosse thune, que ce soit dans l’usine Marvel où la qualité devient de plus en plus fortuite ou dans les tentatives de DC où l'intention et la pertinence s'écharpent à l'arme blanche (j’ai de la sympathie pour Aquaman en tant que grosse bourrinerie à brushing, mais quel est l’intérêt d’une suite maintenant que le plan Snyder est passé à la broyeuse ?). Or, je suis sorti de cette séance en ayant eu l'impression d'avoir vu le genre de film que j'avais toujours su qu’il était possible de faire sur ce genre de personnage. Les conversations invoquent invariablement le Dark Knight de Nolan, et mon impression personnelle est la suivante : The Dark Knight était un grand film américain qui ancrait son Batman dans la réalité (Gotham aurait pu être New York, ou Washington DC, ou Chicago, ou Boston, etc.) là où The Batman ancre son histoire dans un réel qui n'est manifestement pas celui dans lequel nous vivons. Point n'est besoin de comparaison, donc, car c'est pour moi une différence de taille et une qualité essentielle de ce qui s’avère finalement être un très bon film. La réalisation de Matt Reeves est soignée, souvent intelligente et facilement au-dessus de la concurrence du genre sans pour autant que cela constitue son seul attrait (ce qui n’aurait guère de mérite à mes yeux). La cinématographie est quasiment irréprochable de bout en bout et Robert Pattinson, que j'ai toujours défendu avec dévotion (voyez The Lighthouse, Good Time et Maps to the Stars), confère au justicier une mélancolie exsangue qui le rapproche davantage des mes préoccupations personnelles que la figure Michaelmannienne du tandem Nolan/Bale ou celle, résolument Milleresque, de Snyder/Affleck.
J’ajouterai que j’aime beaucoup la totalité des comédiens qui se sont relayés au sein de la franchise (oui, même Clooney) et que mon ressenti en la matière est tout ce qu'il y a de plus subjectif, évidemment. J'ai tout simplement l'impression qu’après des années à voir des films Batman de qualité variable sans forcément me sentir personnellement investi dans ce que le héros éponyme représentait, j'ai finalement trouvé une incarnation du personnage plus en phase avec ce que j’imaginais dans ma petite tête avec mes repères personnels (on sent évidemment l’influence de Fincher période Se7en, ce qui n’est pas pour me déplaire). Aussi, je suis très content d'avoir aimé ce film, avec ses qualités indéniables et ses défauts que je pardonne aisément (quelques longueurs, des raccourcis dans l’écriture et des influences perceptibles) et j'ai bien envie de voir la suite. Belle surprise pour un film de superhéros, donc.
Ah et on ne le dira jamais assez, Colin Farrell est quand même hallucinant. Méconnaissable en Pingouin, il vole toutes les scènes dans lesquelles il apparaît. Truculent, jubilatoire, incroyable, par pitié, donnez-nous plus de Farrell pour la suite !