J'ai entendu parler de Terrifier pour la première fois comme beaucoup lors du gros coup de com' de Terrifier 2, partout on a pu lire qu'il serait le film le plus gore, le plus terrifiant. Ca n'est pas exceptionnel, beaucoup de films d'horreur basent leur marketing sur ce genre d'hyperbole, pour souvent être au final assez oubliable. Mais les mois passants, l'enthousiasme pour ce film persévère parmi les fans d'horreur, pour finalement avoir le droit à sa sortie en France le 11 janvier prochain. En attendant cette sortie au cinéma j'ai donc lancé le premier opus.
Ce qui frappe dans un premier temps, c'est la manière ingénieuse qu'à le réalisateur de jouer avec les attentes du spectateur, notamment à travers le montage ou les dialogues. Le film s'avère souvent surprenant, ce qui fait du bien pour un genre aussi codifié que le slasher, nous ne savons pas où nous sommes emmener scène après scène. Le spectateur est impliquer, pousser à l'analyse, en lui donnant juste ce qu'il faut comme information pour essayer de deviner la suite, parfois par des jeux de cadrages en en sachant plus que les personnages. Ce jeu sur les attentes se retrouve également tout au long du film pour savoir qui est donc l'héroïne, la classique final girl, dont nous allons avoir le point de vue jusqu'à sa survie. Sans spoiler, nous sommes balader d'un personnage à l'autre à plusieurs reprises.
Finalement, le personnage central est bien entendu Art le clown (à savoir qu'il ne fait pas sa première apparition dans ce film mais apparaissait déjà avant dans des courts-métrages que je n'ai pas vu). Ce boogeyman est l'amalgame de tout un tas de figures cultes de l'horreur, mais pour donner lieu à un personnage très intéressant. D'abord à travers son iconisation constante, chaque plan qui le met en scène participe à la création de cette nouvelle figure, grâce notamment à un maquillage très réussi, mais surtout à une performance d'acteur qui crée entièrement toute la personnalité au personnage. Personnage mutique, tout comme pourrait l'être Michael Myers, à la différence qu'il se distingue par son absence de masque, permettant ainsi un visage très expressif. Ce jeu va parfois frôler le ridicule sans vraiment l'atteindre, donnant crédibilité et vie à ce personnage. Art le clown dans ce film se dispense d'un quelconque background forcé, et c'est tant mieux, tout l'intérêt du personnage peu ainsi passer par sa simple présence, son attitude en l'absence de mot, et la relation qu'il a avec ces victimes. On ignore tout de ses motivations, on peut le voir parfois rieur, pas tout à fait sadique, mais aussi parfois il semble emplie d'une certaine mélancolie. Ses sentiments enfouis se retrouvent lors de sa rencontre avec Tara où il semble tomber sous le charme, ou plus tard avec la femme à la poupée, scène qui semble montré une vraie part de sensibilité. Cette mélancolie peut rappeler le personnage de Leatherface, avec qui il partage d'autres points communs (son travestissement, l'exécution de ses meurtres). La relation de Art avec Tara rappelle celle de Leatherface avec Stretch dans Massacre à la tronçonneuse 2. Tout cela amène à vouloir en savoir plus sur Art, qui ne joue pas simplement le rôle du Mal irraisonné, mais semble caché une réelle personnalité. De plus, ce premier opus questionne son statut surnaturel ou pas, à l'image encore une fois de Michael Myers.
Il ne faut pas cacher que le scénario est très simpliste, mais permet au moins de tenir 1h20 sans s'épuiser, ce personnage et ce jeu sur les attentes nous tiennent en halène. Autre aspect essentiel du film : le gore. Avec seulement $35 000 de budget, le film se permet des effets gores bien réussi, pas dans un hyperréalisme contemporain mais un gore généreux et jouissif. En plus de jouer avec les codes du slasher, ainsi que du survival, le film fait rapidement mine de partir sur un torture porn classique, mais (sans doute pour le meilleur), ça ne durera qu'une scène, au dispositif tout à fait commun, deux victimes, l'une d'elle regarde, l'autre subit, mais l'effet est particulièrement réussi, une fois de plus faisait penser à Massacre à la tronçonneuse et son crochet de boucher, mais ici en montrant très explicitement ce qu'il se passe.
Terrifier est un film qui utilise à mon sens merveilleusement bien ses inspirations, ses prédécesseurs, tout en assumant son statut de série B au budget dérisoire, tout l'inverse pour moi de la prétention mal placée de X de Ti West, Terrifier en est comme j'ai pu l'expliquer un bien meilleur hommage à Massacre à la tronçonneuse et tout le cinéma d'horreur bis de cette époque, l'assumant par son esthétique sans en faire une constante démonstration qui brasse de l'air. Il me tarde de voir le second opus, en espérant que les rumeurs aient leur lot de vérité.