Le regard fixé vers les rues de Téhéran et l'oreille bercée par la musique avant d'être tous deux orientés vers les passagers de ce taxi qui parcourt la ville.
De ce taxi ne sortiront ni les caméras ni le spectateur pendant 1h20.
Alors essayons de profiter du voyage...


Le gouvernement iranien a interdit à Panahi de quitter le territoire et de réaliser, jugeant ses films comme "non diffusables".
Profondément bienveillant, il va alors poser la question du rôle de l'artiste dans une société privée de sa liberté d'expression : Pourquoi filmer ? Comment filmer ?
Dépassant clairement le duel entre fiction et documentaire, Taxi Téhéran semble questionner l'essence même du cinéma à travers les différentes conversations avec les passagers.


Comme l'étudiant, le livreur, la nièce... nous pourrons considérer ce chauffeur comme un guide qui nous aide à comprendre le sens de ces questions.
Mais "liberté" est le maître mot de cette oeuvre.
Liberté de l'artiste qui rit jusqu'au générique de la censure futile qui sévit dans son pays.
Liberté de la forme avec ces rares axes de caméra qui, mélangés aux images "amateur" des protagonistes, créent une poésie nouvelle libre de tous codes.
Liberté des personnages mis en abîmes dont le rôle fictif ou réel n'est jamais clairement défini.
Mais avant tout la sensation indescriptible qu'on peut éprouver face à ce souffle de liberté envoyé par toutes les personnes qui ont pris des risques considérables dans le seul but de faire passer leur message à travers la diffusion de ce film.


Alors accepte cette rose offerte chaleureusement, invitation à rejoindre ce combat pacifiste ; mais surtout déclaration d'amour d'un artiste qui est parvenu, pendant un court instant de cinéma, à fissurer l'écran qui séparait le film de son public. Mais heureusement, certaines brèches ne se referment jamais vraiment.

yaya-dc
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le 30 mars 2015

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yaya-dc

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