Un sujet original, tranche de vie d'un paysagiste marseillais, et un interprète talentueux en la personne de Swann Arlaud, voilà à mon sens les deux mamelles de "Tant que le soleil frappe", petit film sans grandes ambitions qui effectue très bien le travail qu'il s'était fixé. Même s'il y a un petit côté pas tout à fait fini, même si on sent que Philippe Petit explore de nombreuses pistes qui ne seront pas toujours poursuivies (donnant à beaucoup de scènes un côté un peu aléatoire et inconséquent), même s'il n'y a pas vraiment de coup d'éclat dans les 80 minutes que compte le film, il y a malgré tout un petit quelque chose de satisfaisant à suivre Max dans la ville de Marseille. Tout le film est positionné autour de lui, on ne le lâchera pas d'une semelle, entre son implication dans un projet écologique en centre-ville assez peu audible des pouvoirs publics, sa participation déçue à un concours d'architecture qui aurait pu lui donner le financement nécessaire pour cet aménagement de parc, il y a un truc faussement documentaire qui n'est pas pour me déplaire.
N'ayant aucune connaissance en la matière je dois avouer qu'il y a un léger systématisme sémantique bourgeois vu de l'extérieur, avec ces gens qui évoquent des "jardins sauvages" que la population devrait s'approprier, alors que l'objectif initial est justement de lutter contre la gentrification. C'est en tous du côté du portrait du personnage d'Arlaud que tout l'intérêt se concentre, à mesure que son obsession se densifie et se heurte à des obstacles sans cesse renouvelés. Quelques passages un peu trop artificiels (les apparitions de Djibril Cissé), quelques interactions un peu caricaturales (notamment avec Grégoire Oestermann en M. Moudenc [les Toulousains apprécieront] qui manipule un peu trop ouvertement le héros), mais la quête acharnée de Max le doux rêveur prise dans le tumulte de sa vie familiale est pas trop mal rendue. Il n'y a que le final qui soit un peu poussif et lourd dans ce qu'il suggère, mais autrement le film parvient à faire le portrait d'un idéaliste attachant à partir d’une intrigue assez mince.