Je regarde rarement des mauvais films de mon plein gré. Au contraire, j'ai même plutôt tendance à regarder des films considérés comme exemplaires et à y trouver des coquilles. Mais est-ce qu'il m'arrive de faire l'inverse ? Eh bien oui, j'ai déjà vu des films considérés comme unaniment mauvais et y ai trouvé du bon. La preuve ce soir, où j'ai enfin pu poser mes yeux sur ce nanar légendaire, SUR GRAND ÉCRAN S'IL VOUS PLAÎT !

Super Mario Bros. qu'on appelle désormais "Le vieux film Mario" depuis quelques temps, est donc sorti en 1993 et réalisé par un certain Rocky Morton. Il s'inspire librement de l'univers vidéoludique inventé par Nintendo au début des années 80.

L'histoire débute par des bonnes soeurs qui, un soir d'orage, récupèrent une capsule contenant un oeuf devant leur paroisse. L'oeuf éclos, et à l'intérieur se trouve une petite fille. Oui, ça commence fort. Quelques années plus tard à Brooklyn, les frères Mario sont deux plombiers en galère, qui tentent tant bien que mal d'exercer leur profession face à la concurrence. Le plus jeune, Luigi, tombe amoureux d'une archéologue nommée Daisy, mais cette dernière a des origines qu'elle ignore, et les deux italo-américains vont aller à sa rescousse dans un univers parallèle peuplée d'humanoïdes reptiliens.

Le film a été un échec critique, souvent moqué pour son absurdité et son manque de ressemblance avec l'univers des jeux. Si je m'attendais à sortir de la salle de cinéma diverti mais un poil aigri par une oeuvre à la réputation fâcheuse, il n'en a rien été.

Super Mario Bros. est loin d'être le film le plus mauvais jamais réalisé. Il n'est pas exempt de tout défaut mais je suis loin d'avoir passé un mauvais moment. J'ai même été agréablement surpris par la "qualité" de ce que je venais de voir.

Me sentant un peu comme un gardien de but devant des cages trop grandes face à une horde d'orcs armés de battes, je ne sais pas vraiment par où commencer. Je vais donc citer ce qui m'a plus de manière barbare et broder autour.

C'était fun. Sincèrement, c'est un divertissement familial correct avec de l'action et des gags qui marchent. Les acteurs jouent bien, je suis très attaché à la performance de Bob Hoskins en Mario, avec sa grosse voix et son accent. D'ailleurs, il semblait avoir un don pour incarner des ouvriers puisque quelques années avant, il interprétait un chauffagiste cynique dans Brazil de Terry Gilliam. Quant au pauvre Dennis Hopper, souvent moqué pour son rôle de roi Koopa, je tiens à le défendre personnellement, car même dans des situations difficiles, il sait bien jouer des méchants...même si il est fringué de manière plutôt bizarre.

"Bizarre", un mot qui définit parfaitement ce long-métrage, au même titre que ridicule. C'est simple, c'est une capsule des années 90. Rien à ajouter, les éclairages, les répliques, les looks aussi kitsch que...sympas ? Les machines à remonter le temps existent bel et bien, suffit de savoir les trouver ! Mais alors, en quoi c'est un mal d'avoir un film bizarre et ridicule ? Quand des gugusses fauchés tournent des courts-métrages """"avant-gardistes"""" et plein d'''''expressions""""" on crie au génie, mais quand un réalisateur hollywoodien fait un blockbuster familial et loufoque, on lui jette des fruits pourris. Pourquoi ?

Plus le visionnage avançait, et plus j'étais content de ce que j'étais en train de voir. Ce qui au départ était "la pire adaptation de jeu vidéo jamais réalisé" s'est lentement effacée pour devenir un nanar sympa et presque captivant. À prendre au premier degré, en le voyant comme une mise en film d'un jeu-vidéo, c'est une plaie. En 1993, il y avait déjà un paquet de jeux Mario avec leurs spécificités, leur bestiaire et leurs règles, et dans ce chaos de fête forraine d'une heure quarante on discerne difficilement ce qu'on ressent une fois la manette en main.

Sauf que les règles et les sensations d'un jeu ne sont pas les même que celles d'un film. Un jeu vidéo est interactif alors qu'un film est "scripté". MERCI CAPTAIN OBVIOUS. Ce que je veux dire, c'est qu'il est inutile de chercher les sensations qu'on a en jouant aux jeux Mario tout en regardant le film. Malgré les références, les décors colorés et les similitudes entre les deux oeuvres, on presque plus sur un cousin cartoonesque de Metal Gear Solid que sur un jeu de plateformes.

Et non seulement le film se forge sa propre âme, mais aussi son propre univers. Le royaume de Koopa n'est pas comme dans les jeux ? Pas grave ! Pourquoi ne pas essayez plutôt une dystopie cyberpunk peuplé de loubards, de flics ultra-violents et de mutants ? Excusez-moi mais ça en jette carrément plus qu'un château avec de la lave !

Les designs ne sont pas ressemblants ? Quelle importance puisque ce n'est pas le même univers ! Au début, certes, ça fait grincer des dents : les goombas sont moches, les Koopalings n'ont rien à voir avec ceux des jeux, il y a des personnages sortis du cul qui remplacent des figures du jeu bien plus utiles, mais une fois de plus, arrêtons d'associer les deux oeuvres ! Quand Stephen King a écrit Shining, il y a retranscrit sa peur de l'alcoolisme, et du monstre qui sommeil en chaque homme. Quand Stanley Kubrick a réalisé Shining, il en a fait un récit surnaturel complexe, un labyrinthe de l'esprit qui pousse le spectateur dans une folie proche de celles des personnages. Les deux oeuvres sont très bonnes, mais elles doivent être dissociées. Il en va de même pour Super Mario.

Ceeertes, je ne peux pas jouer la carte de la dissociation indéfiniment. Et comme dit au début, c'est loin d'être une réussite en tout point. Le scénario est mince et confus, les personnages manquent un peu de développement et de personnalité malgré leur côté attachant, l'aspect chaotique peut vite fatiguer et les personnages inventés n'ont pas vraiment d'intérêt. Mais bon, vous n'allez pas me dire que vous jouez au jeux du plombier moustachu pour leur scénario !

Les scènes d'action sont peu présentes mais sympathiques, amenant leur lot de gags et j'AIME ces bottes en métal qui servent à planer, je les veux maintenant !

L'humour est simple mais il est typique de son époque, avec des dialogues parfois un peu bêtes mais qui fonctionne, il y a même des répliques cultes !

See you later alligator
Trust the fungus !

"Aie foi en la mycose", réplique aussi ridicule que géniale je trouve. Pourquoi géniale ? Parce qu'elle invite le spectateur a croire en quelque chose d'insignifiant et répugnant à prime abord qui s'avère en fait être utile. Wow. Et si cette phrase sur les fongoïdes était une métaphore du film ? Nom de Zeus, il y a plus de sens et de sympathie dans l'adaptation filmique d'un jeu de plateforme avec des plombiers que dans toute la filmo de Godard.


Quel OVNI qu'est Super Mario Bros. ! Facilement détestable, mais aussi facilement appréciable pour ses couleurs, son aspect carnavalesque et cartoonesque, et son odeur de pizza surgelé accompagnée d'une bonne bouteille d'Évian. Quelle ironie de savoir que j'ai trouvé ce film plus sincère et créatif que son homologue animé sorti l'an dernier. J'y ai trouvé quelque chose de plus jouissif et autre chose qu'une panoplie de jouets en 3D. Un nanar de choix qui ne demande qu'a être compris, à être savouré lentement comme une pasta-box dans laquelle on aurait mis des truffes.

Arthur-Dunwich
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Créée

le 17 mars 2024

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Arthur Dunwich

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