S’il y a 3ans, Noami Kawase accusait le coup d’un accueil mitigé au festival de Cannes avec Hanezu, l’esprit des montagnes, la cinéaste reçoit cette année l’ovation des festivaliers.

Toujours dans une veine très sensorielle, Still the Water met en parallèle deux filiations contrastées entre une mére et son enfant, dans le premier cas une fille Kyoko et dans le second un garçon Kaito. Les tourments internes des deux relations nous seront contés au travers même de la relation amoureuse entretenue avec ces deux derniers, continuellement sur la brèche.

L’ouverture du film - des mouvements de va-et-vient de vagues dans le cadre – annonce les différents remous d’une action sur le fil. Le scénario, simpliste voir un peu minaud, intéresse dans l’aboutissement de sa mise en scène. Still The Water est en cela un pur film de cinéma : l’entièreté de son discours n’est possible qu’au cœur du langage filmique.

L’insistance visuelle créée avec l’environnement naturel des personnages entraîne une sorte de prologue à chaque péripétie notoire. L’état mental des personnages semble en connexion avec le paysage, les éléments influençant les réactions, les doutes ou les acceptations. L’état d’harmonie entre soi et la nature – et donc en soi-même – n’étant ici atteint que par le personnage de la mère de Kyoko. Naomi Kawase déploie à chacune de ses interventions des instants à l’émotion crue car débarrassé de tout artifice. Filmant l’invisible et indicible fusion de ce personnage avec sa condition de mortel, Kawase atteste d’une haute sensibilité technique dans le passage d’un plan à l’autre, les raccords délivrant l’intensité des non-dits comme des évidences.

La difficile démarche de la cinéaste vers l’épuration des peurs, de la tristesse ou de la douleur tend à la captation de l’instant present. Vivre en soi, ici et maintenant, comme une libération physique et mental. Ce but, synonyme de l’état de grâce, filmé pour la fermeture de Still The Water, malgré son apparence lyrique et brute, touche pourtant au plus profond de l’homme, apprendre à se sentir vivant.
cinematraque
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 mai 2014

Critique lue 1.1K fois

21 j'aime

1 commentaire

cinematraque

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

21
1

D'autres avis sur Still the Water

Still the Water
Sabri_Collignon
10

Still The Beauty!

Il y 'aurait tant à dire sur cet époustouflant hommage à la beauté plurielle,qui nous offre en à peine deux heures un concentré d'émotion rarement atteint ces dernières années.Naomie Kawase possède...

le 2 oct. 2014

20 j'aime

8

Still the Water
Marianne_Robiduc
7

Comme la fin d'une vague

On ne va pas voir ce film par hasard. On ne se fie pas à la bande annonce quand on connait Naomi Kawase. Et pourtant, j'ai plongé dans ce film en novice, captivée par le trailer. Pendant deux heures,...

le 12 oct. 2014

14 j'aime

6

Still the Water
mikeopuvty
2

"Hum" : la réponse à tout.

La Poésie est une affaire délicate, éthérée, une brise d'automne qui glisse entre les doigts. C'est le territoire des plus grands cinéastes qui de par le monde ont su la filmer où elle se trouvait.....

le 12 oct. 2014

12 j'aime

2

Du même critique

La Famille Bélier
cinematraque
2

Un nanar dangereux pour la santé mentale?

Je me souviens avoir été interpellé, il y a quelques années, à la lecture d’une interview de Quentin Tarantino qui, pour décrire Death Proof, parlait de masturbation. Il expliquait avoir voulu...

le 4 janv. 2015

65 j'aime

8

X-Men: Days of Future Past
cinematraque
8

Le jour de la super marmotte !

La sortie du dernier opus de la saga des X-Men était attendue avec une excitation certaine. Après le décevant X-Men Origins : Wolverine en 2010, X-Men : Le Commencement avait su redorer le blason de...

le 19 mai 2014

39 j'aime

6

Sils Maria
cinematraque
10

Histoire d'une mutation

Parfois, le contexte dans lequel Cannes propose à ses festivaliers de voir un film s’avère très bénéfique à celui-ci. La virginité, la présomption de qualité, l’espérance sans a priori de découvrir,...

le 23 mai 2014

36 j'aime

3