A la fois une adaptation infidèle et une parodie inégale

Les années 1990-2000 ont connu un mouvement hollywoodien qui n’a pas su apporter ses fruits dans l’inconscient collectif, hormis pour une seule franchise. En effet, si tout le monde se précipite encore dans les salles pour voir un opus de Mission : Impossible, nous ne pouvons pas en dire autant pour les autres tentatives d’adaptations sur grand écran de séries télévisuelles : Le Saint, Chapeau melon et bottes de cuirs, Shérif, fais-moi peur – Le Film, Charlie et ses drôle de dames… Et quand le réalisateur Todd Phillips, alors futur papa de la trilogie Very Bad Trip, se lance dans la mise en chantier d’un film Starsky et Hutch, vaut mieux ne pas trop s’attendre à des merveilles…


D’autant plus que le cinéaste et ses scénaristes ne semble avoir retenu qu’une seule chose de la série : son côté comique. Or, cette dernière ne faisait que proposait deux personnages différents et stéréotypés de manière assumée pour apporter de la décontraction et des séquences musclées à l’inverse de l’image des policiers donnée au téléspectateur dans les années 70. Ici, dans ce film, on ne parle même plus de renouveau mais juste de comédie lourdingue comme Hollywood en sort à foison. Car se qui surprend au premier abord de ce long-métrage Starsky et Hutch, c’est son statut de parodie et non d’adaptation de la série éponyme. Au plus grand dam des fans de celle-ci, Todd Phillips préfère mettre l’accent sur les défauts afin de faire rire le public. Un pari des plus risqués étant donné qu’un tel projet vise avant tout une communauté d’aficionados et qu’en faisant cela, le réalisateur leur adresse un joli doigt d’honneur et ce malgré une scène finale en guise d’hommage nostalgique (la réunion des deux comédiens originels face à leurs remplaçants, symbole de passement de flambeau).


Mais redonnons à César ce qui lui appartient ! Malgré ce postulat culoté, il faut bien admettre que la démarche de Todd Phillips n’est pas veine. Et pour cause, au lieu de se plier aux exigences d’un studio et de livrer un produit précommandé qui soit une pâle copie du matériau d’origine, il préfère fournir autre chose qui soit véritablement dans ses cordes. En faisant donc de Starsky et Hutch une comédie poussive et donc délirante sur le papier, il s’assure donc le soutien de certains spectateurs. Même s’il se met les fans à dos, Phillips n’a pas peur de changer certains détails scénaristiques de la série qui ont fait son succès (le fait que Hutch ait un côté ripoux ou bien qu’Huggy soit un caïd glacial avec des hommes de main à sa botte) afin de se sentir libre de faire son histoire, ses gags. Et rien que pour cette manœuvre, le film Starsky et Hutch mérite que l’on s’attarde (un peu) sur lui !


Après, il est fort dommage que le film, à défaut de ne pas adapter convenablement la série TV, ne parvienne pas à se montrer aussi drôle qu’il le prétendait. Si l’intégralité du casting s’en sort honorablement avec ses comédiens s’éclatant comme pas possible de chacune des situations, Starsky et Hutch doit malheureusement pâtir d’un rythme bien mollasson et inégal. Par là, il faut comprendre que le long-métrage arrive à nous faire éclater de rire par la stupidité de certains passages (le coup du poney en cadeau d’anniversaire m’a vraiment fait verser des larmes) finalement peu présents au montage, reliés entre eux par d’autres séquences inintéressantes et sans effet. En gros, Starsky et Hutch version cinéma saura vous titiller généreusement les zygomatiques, le reste du temps – soit 80% de sa durée – il se perdra dans du ridicule balourd, hautement prévisible et faisant à peine sourire dans le meilleur des cas.


Vous l’aurez compris, comme ses congénères qui se sont attaqués au monde télévisuel sans véritablement trouver leur public alors que lui avait en poches quelques atouts discutables mais des plus osés, le film Starsky et Hutch a bien du mal à convaincre. D’une part parce qu’il démolit le matériau d’origine acclamé par des millions de fans et même si c’est de manière assumée, de l’autre, il ne respecte pas suffisamment ses promesses (parodier et donc faire rire) pour prétendre à être une comédie hollywoodienne de qualité. Peut passer le temps, mais le visionnage, croyez-le, ne sera pas des plus impérissables…

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