Stand By Me est un film fleuve sur des thèmes universellement utilisés et réutilisés au cinéma : l’amitié, les copains, l’enfance, le rite initiatique douloureux du passage à l’âge adulte. Si ces thématiques ont nourri l’inspiration de nombreux cinéastes, peu d’entres eux ont su mettre la mettre en image avec autant de force et de justesse que Rob Reiner Stand By Me.

Posons nos valises en Oregon où nous allons retrouver quatre jeunes, un peu paumés, pour la plupart livrés à eux-mêmes, se débattant dans des situations familiales difficiles. L’un d’entre eux, Gordie (le narrateur), a perdu son grand frère, son modèle qui unissait sa famille. Les autres n’ont jamais pu vivre se contentant de survivre suite à des vies difficiles remplies d’épreuves bien plus grandes qu’eux. Nous allons suivre ces quatre gamins, cabossés par la vie mais unis par une amitié inoxydable. La mort d’un de leur camarade s’étant approché trop près d’une voie ferrée va les pousser à partir à l’aventure à pied le long d’une voie pour retrouver le cadavre. Mais à travers cette aventure, c'est à la recherche d'eux-mêmes qu'ils vont partir.

C’est là le point de départ pour ces quatre jeunes aux profils tous très différents et aux caractères diamétralement opposés. C’est aussi là toute l’habilité du film car si les road movie initiatiques sont foison, rares sont ceux qui mettent en scène un groupe auquel le spectateur pourra s’identifier se rapprocher et peut être même se glisser dans sa peau. Avec quatre boys, vous avez quatre fois plus de chance d’en trouver qui vous ressemble. Ce principe d’identification si facile est le cœur du film, son but, sa raison d’être.

Ce voyage va être, pour les quatre héros, le moment de se découvrir, de se livrer et d’aller au bout d’eux-mêmes. Suivant donc le chemin de fer représentant le cheminement de leur vie, ils partiront enfants et reviendront hommes de ce grand voyage qui changera leur vie à jamais.

L’une des forces du film est son double niveau de lecture, car si pour les plus jeunes Stand By Me est un récit d’aventure palpitant plongée dans la fascination d’un été américain où chacun à treize ans aurait voulu être, pour défier les interdits et découvrir le Monde, pour les plus grands c’est une formidable fontaine de jouvence, une nostalgie barricadée que Gordie (le narrateur) fera exploser à travers une justesse formidable lors de longues explications didactiques sur sa vision de la vie et de ses amis. Il en ressort une mélancolie de l’enfance trop vite envolée, une naïveté d’enfants déjà bien trop lointaine, un fleuve d’imagination aujourd’hui asséché par les affres de la vie d’adultes.

Préparez-vous, vous ressentirez peut être un picotement dans le cœur et vous vous rappellerez de votre vieux pote d’enfance qui vous ne voyez plus aujourd’hui. Le décor n’est que succession de plans merveilleux et idylliques où se mêlent poésie et imagination, où tout est prétexte au jeu et à la fable. Une bande son éthérée mêlant les influences pop folk ne vous privera en aucun cas d’admirer la beauté sauvage, presque irréelle de la photographie de Thomas Del Ruth.

Stand By Me reste et demeure avant tout une formidable histoire d’amitié et de solidarité face à l’adversité et aux malheurs. Cette affection qui leurs fera affronter leurs démons, les aidera à accomplir leurs rêves et les protégera contre les tourments indicibles de la vie d’Homme.

L’amitié, cette vertu universelle et intemporelle est tellement palpable, tellement vraie dans Stand By Me qu’il semble être presque possible de l’attraper pour s’en enivrer, pour s'y noyer. Si faire reposer un film sur les frêles épaules d’enfants d’acteurs est un exercice périlleux au cinéma, Rob Reiner possède une direction d’acteurs tout à fait exceptionnelle. Ils sont justes, subtils et crédibles. Ils ne sont jamais lisses, jamais préfabriqués ou créés pour répondre au besoin du récit, écornés, cabossés, imparfaits, ils font le récit, et il en ressort une authenticité touchante

Une invitation à l’imagination et à la nostalgie, Stand By Me vous appelle, ce petit bijou sans prétention aucune fait ce que sait faire de mieux le cinéma : créer de l’émotion et faire parler le cœur.
raphaelamala
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le 1 avr. 2014

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