♪ Spider-Cochon, Spider-Cochon, il peut marcher au plafond ♫

Aussi longtemps que je me souvienne, je n’ai jamais partagé la même hype que la majorité du public pour l’homme-araignée, qui figure parmi les super-héros de comics les plus populaires et appréciés. Et pourtant il a contribué, avec les X-Men, Blade et Hellboy à la réhabilitation des super-héros dans l’industrie cinématographique.


La référence est bien sur la trilogie de Sam Raimi, citée comme un modèle dans les films super-héroïque avec les Batman de Tim Burton, le Superman de Richard Donner ou plus récemment Logan de James Mangold. Car ces films ont une qualité en commun : celle de traiter intimement ses personnages avec respect, de l’audace et surtout en donnant une âme à ces films.


Ici l’attente était légitimement grande, pour moi comme pour beaucoup. Selon moi pour 3 raisons : d’abord le fait de se centrer sur un autre Spider-Man que sur Peter Parker, la seconde pour ses partis-pris graphique et la troisième parce qu’il réunissait une équipe compétente derrière le projet (Phil Lord au scénario sachant qu’il y a aussi la participation de Chris Miller et Alex Hirsch le créateur de Gravity Falls à l’histoire) contrairement à beaucoup de grosses merdes issue de Sony Pictures Animation.


Pourtant, ça ne démarre pas aussi glorieusement qu’on l’espère pendant sa première demi-heure : si l’exposition de Miles Morales et sa famille passe bien en soit et qu’on se familiarise avec cette esthétique mixant le comic book, le jeu vidéo et même l’aspect manga, on ne peut pas en dire autant du rythme brouillon qui a du mal à trouver sur quel pied danser. Certains gags sont plus lourds et revu que drôle (le klaxon du père de Miles avant son entrée), le montage accéléré sur la vie d’étudiant de Miles a du mal à permettre une identification forte avec le héros et les dessins n’ont pas assez de temps pour installer une ambiance.


Cette sensation de maladresse en termes de tempo vient se confirmer au moment où Miles se découvre ses premières capacités d’homme araignée, le mouvement à l’écran comme le montage ne se posent pas assez sur les premières impressions de Miles qui peut facilement être résumé à une panique très difficilement contrôlée alors que même dans le reboot de Marc Webb le temps était accordé à Peter Parker pour la découverte de ses nouvelles capacités (pas traité de la meilleure manière mais ça prenait plus son temps).


Fort heureusement, cela s’arrange lors de l’une des scènes clés du métrage :


la découverte du Synchrotron lors de la première scène de combat ou le mouvement comme la palette colorimétrique détonne enfin et montre tout son potentiel en l’espace de quelques instants et surtout, la mort du Peter Parker original sous les yeux de Miles Morales.


Jusqu’à présent, nous avons toujours été habitués à voir Peter Parker sur le grand écran s’en sortir même dans les situations les plus périlleuses (si on ne compte pas l’univers Marvel au cinéma). Pour la première fois, ici, on le voit grièvement blessé puis abattu par le caïd comme un vulgaire moucheron, et pas un seul plan sur l’ensemble de son corps sans vie. Le point de vue de Miles ainsi que son rôle en tant que projection du spectateur prend tout son sens l’espace de ces quelques instants, tout comme l’introduction des prochains Spider qui se justifiera en grande partie par ces quelques minutes et la période post-Spider Man qui s’ensuit.


D’ailleurs, comment ne pas en parler de ces autres hommes et femmes araignées ? En tout premier lieu Peter Benjamin Parker désabusé et limite cynique loin de l’image positif montré de Spider-Man d’ordinaire, et qui forme un duo maître/élève improvisé aussi attachant qu’hilarant avec Miles (on pourra reconnaître quelques touches d’Alex Hirsch quand on a vu Gravity Falls, et du duo Lord/Miller le reste du temps), idem lors de l’arrivée de Spider-Gwen à l’histoire également présentée comme les autres Spider (avec un montage identique pour une histoire différente). Le trio Spider Porker/Peni Parker/Spider-Man Noir ne dépasse pas beaucoup le stade de faire-valoir mais font tout autant fonctionner la chimie du groupe en compagnie des autres membres et surtout le parcours de Miles Morales.


Car s’il y a bien une chose que retrouve ce Spider-Man animé, c’est le côté intimiste avec ses personnages et l’impact émotionnel qui manquait aux précédents films. En particulier grâce au rapport qui s’installe tout au long du parcours de Morales et le vécu des autres Spider-Man et Spider-Woman


(la perte de l’oncle de Miles mis en rapport avec la perte d’un être proche de Peter B. Parker, Peni Parker et compagnie)


et l’appui paternel de Miles, loin d’être négligé et qui se révèle tout aussi touchant par son rapport père/fils difficilement gérer entre eux. Sans oublier certaines figures iconiques de l’univers bien réemployé sans pour autant tomber dans le fanservice outrancier (tante May de la dimension de Miles).


Mais il retrouve aussi le sens du spectacle qui manquait terriblement aux derniers opus, y compris dans Homecoming. Peter Ramsey n’en est pas à son premier film d’animation à scène d’action (Les cinq légendes) et graphiquement les combats comme le sens du détail détonnent et marquent nos rétines : ça varient entre la motion comics grandeur nature et la palette de couleur explosifs, ça joue avec le son pour le tirage de toiles pour chaque Spider mais ça trouve aussi une harmonie de cohabitation visuelle renversante avec le côté cartoon ou manga de certains personnages et tout le travail sur la physique des personnages, tantôt saccadé, tantôt plus vif et énergique à l’image d’un climax ébouriffant qui se lâche dans un tonnerre graphique incroyable. Si on fait abstraction de quelques choix qui me paraissent plus intrusifs (en particulier le design du Caïd limite trop cartoonesque pour le caractère du méchant) et des quelques effets sonores tape à l’œil (les séquences avec le rôdeur).


Et pour une fois Sony Picture Animation justifie le choix d’une BO pop et rap dans le contexte ou évolue le récit, notamment vis-à-vis des origines latino-africaine de Miles Morales. Quant à Daniel Pemberton, il fait son boulot mais ne se distingue pas pour autant par rapport à ses précédents travaux et surtout l’ensemble reste bien loin de faire oublier les travaux de Danny Elfman sur les films de Sam Raimi.


En revanche je ne peux pas faire la sourde oreille pour le Star Talent à la VF donc question : pourquoi Olivier Giroud et Presnel Kimpembe ? Juste pourquoi ? Camélia Jordana à la limite je dis rien, on n’est pas au premier chanteur engagé à la VF d’un film d’animation, mais ces gars n’ont jamais fait de comédie de leur vie, ce sont des footballeurs qui n’ont rien à foutre sur un plateau de doublage et ne font que donner leurs voix à des rôles insignifiants sur ces 2 heures de film. C’était déjà complètement débile de prendre Griezmann pour Superman dans Lego Batman juste pour 4/5 répliques, ça l’est tout autant ici d’engager ces deux là pour si peu.


Mais bon passé ce coup de gueule, on se retrouve ici avec la plus grosse et meilleure surprise du catalogue Sony Pictures Animation pour ne pas dire un miracle. On a enfin de nouveau un film Spiderman doté d’une âme et de personnalité, visuelle sur ses parti-pris très abouti comme de fond sur le passage de flambeau, et qui nous font très facilement oublier les horreurs du studio d’animation pendant 2 heures ainsi que leur exploitation arnaqueuse de l’univers de l’homme araignée en film live. Et surtout maintenant on pourra plus dire que Spider-Cochon est une blague des Simpsons le film : ce film lui a donné vie, c’est chose faite.

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le 12 déc. 2018

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