Marvel commence un peu à tourner en rond. Après un lourdingue Captain America: Civil War, un Doctor Strange assez creux, un Gardiens de la Galaxie 2 plutôt fadasse, la perspective d'une énième version de Spiderman, surtout après les exécrables films avec Andrew Garfield, n'avait rien de particulièrement réjouissante.
Au vu des bande-annonces, fort peu emballantes, je m'attendais à un film plan-plan, réalisé à la chaîne pour remplir une obligation : il faut un Spiderman tous les trois ans environ, sinon, je ne sais pas, la Terre s'arrête de tourner, je suppose. En comparaison de la production actuelle de chez Marvel (les sus-nommés) et future (Thor: Ragnarok, Black Panther), ça avait l'air particulièrement peu ambitieux, notamment d'un point de vue visuel.
Formidable : j'avais raison.
C'est à vrai dire ce que fait la force de Spiderman: Homecoming (tu la sens, la blague sur les bisbilles entre Sony et Marvel ?) : il ne prétend pas, n'essaie même pas d'être autre chose qu'un film à grand spectacle plein de bons sentiments, un peu bas du front, correctement réalisé. Il n'est donc jamais que ça, mais le fait très bien. On ne va bouder son plaisir.
En nous épargnant une énième variation du meurtre de l'oncle Ben, le film peut proprement se concentrer sur Peter Parker, ses atermoiements sentimentaux lycéens, ses hésitations entre l'envie de retrouver l'ivresse de jouer dans la cour des grands et les attentes de son entourage. Riche tissu thématique que le film, comme tous les autres Marvel, ne parvient à exploiter correctement. Il est certainement plus facile d'offrir au personnage principal gratifications et louanges plutôt que le remettre vraiment en question, alors que l'immaturité (pour ne pas son égoïsme, au vu de son obsession pour son costume) de Peter Parker constitue le moteur de toutes ses actions, rendant le rôle de Tony Stark dans tout ça particulièrement illisible. Notons qu'au moins cette fois, Peter Parker refuse la récompense, contrairement à disons, un Docteur Strange.
Au milieu de tout ça, des scènes d'actions contractuelles, sans génie mais compétentes, et un exercice de worldbuilding réussi : sans alourdir le film, les éléments externes du MCU servent à susciter ou renforcer la trame scénaristique. S'il est nettement une part d'une série plus large (justifiant la connaissance préalable d'au moins Civil War pour suivre tous les enjeux), il se garde de s'alourdir en préparant autre chose que ses propres suites.
Homecoming s'avère donc être un « petit » film, qui n'en est que plus réussi.