La vie romancée de Spartacus avait tout du beau spectacle Hollywoodien, et Kirk Douglas l'a fait, produisant et se donnant le rôle titre, confiant à Anthony Mann d'abord, pour deux semaines, puis Stanley Kubrick, la mise en scène.


Ce dernier considère d'ailleurs que c'est l'unique film sur lequel il n'avait pas une réelle liberté malgré un rôle important (montage, direction d'acteurs ...).


Dès les premières secondes, Spartacus impressionne et donne le ton. Les décors majestueux dans la carrière de pierre, la violence, ainsi que la fierté de cet esclave dont on ne connait rien. Kubrick ne s'attarde pas spécialement sur la précision historique bien que les grandes lignes soient un minimum respectées mais fait de Spartacus un peplum total. On retrouve un cadre passionnant avec la république romaine, sa corruption et ses égos démesurés, plusieurs classes sociales représentées, des paysages (naturels et studios) superbes ainsi que des combats, du sang et des joutes verbales piquantes.


Spartacus combine cette histoire avec un aspect mélodramatique qui fonctionne plutôt bien, grâce notamment à la bande originale Alex North, parfois pompeuse mais qui accompagne parfaitement bien les images. Entre les combats et l'évolution chronologique du combat des esclaves, Kubrick inclut des scènes de vies quotidiennes, que ce soit avant la révolte, durant celle-ci lorsque les révoltés sont réunis ou même avec les hauts fonctionnaires de Rome. Elles donnent vie au film et apportent une cassure pertinente avec les scènes plus importantes vis-à-vis de l'histoire, à l'image des tracas quotidiens d'un Spartacus encore esclave.


Si la romance ne fonctionne pas totalement sur le plan émotionnel, elle n'en reste pas moins bien menée, et surtout elle reste en retrait par rapport à la cause de Spartacus. La plongée dans une Italie qui vivait une période mouvementée est l'une des grandes réussites de Spartacus, entre les collines, les intérieurs, les thermes, la villa de Lentulus Batiatus, il est bien difficile de ne pas être impressionné. La plongée est aussi historique, on entend parler de Pompée, on voit un jeune Cesar, un Crassus prêt à assouvir ses ambitions et une république déjà bien gangrénée par les luttes internes.


Épique et viril (non pas sans excès parfois !), Spartacus est aussi une réussite par sa facilité à s'inscrire dans les codes du genre, qu'il n'évite pas vraiment, ce n'est pas le but, mais qui sont remarquablement bien mis en scène. L'héroïsme n'est jamais lourd, les grands discours fonctionnent et les batailles sont superbes, malgré que l'on ne ressent pas spécialement l'apport technique et métaphysique d'un Kubrick. Enfin, le film serait tout autre sans l'apport des comédiens, Kirk Douglas, évidemment, que l'on voit partout ou presque, mais aussi l'imposant Laurence Olivier qui n'a pas besoin de beaucoup de mots pour imposer son charisme, Peter Ustinov , génial en lâche trafiquant d'esclaves ou Charles Laughton, plongé dans les intrigues républicaines.


Porté par un omniprésent et charismatique Kirk Douglas, Spartacus permet à un Stanley Kubrick manquant de liberté d'offrir un passionnant spectacle, une plongée dans la révolte d'esclaves et dans une Rome coincée entre une république vacillante et des sujets qui n'ont plus envie de se laisser marcher dessus.

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le 5 août 2022

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Docteur_Jivago

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