Han Solo et les aventuriers du Raid de Kessel

Han Solo est mon personnage préféré de toute la saga Star Wars.
D'abord, c'est un gentil vaurien, ensuite son meilleur ami est un flokatis sensible, son vaisseau est le plus cool de l'univers, et pour finir il est interprété par Harrison Ford (aka l'homme de ma vie).
Han Solo, sa dégaine, son style, son courage teinté d'ironie font partie de mon enfance, de mon inconscient, de la moelle de mes os.
Han Solo est un personnage hors pair et indispensable pour que la trilogie originale fonctionne. Il est masculin, viril et plein d'humour face à un Luke jeune et un peu fade et une Leia forte et déterminée.
Et c'est l'un des personnages pour lequel je ne voulais pas voir de spin off (si j'avais voulu des spin off d'ailleurs)
Il est interdit de pourrir et gâcher mon Han Solo!
J'aurais pu faire l'impasse sur le film, tout simplement l'ignorer copieusement et prétendre qu'il n'existait pas. Mais s'il y a une chose que je ne peux pas faire, c'est rater un Star Wars, même si je n'ai pas envie de le voir et que j'ai l'impression que ça va être la cata.


Bien m'en a pris. Ce "Solo : a Star Wars Story" ne démérite pas complètement.
Ce n'est pas le meilleur de la saga mais il a de bons moments.


Sur une trame d'un classicisme lorgnant vers le western et le serial d'aventures, nous suivons une tranche en plusieurs tranches de la jeunesse de Han. Toutes les tranches ne sont pas équivalentes en terme d'intérêt cependant.
Les premières scènes sur la planète Corellia (je crois) sont inutiles, poussives au mieux. C'est un pauvre orphelin esclave d'un vers pourri qui le force à voler! Est-on vraiment obligés d'avoir des personnages aux enfances tragiques à tout bout de champ? Doit-on tout nous expliquer, nous montrer?
Puis il tente de s'enfuir avec sa petite amie, il est le seul à s'en sortir avec au passage un nom, Solo, grâce à son engagement dans l'armée impériale.
Cet enrôlement est la première bonne idée du scénario, bonne idée qui m'a retenue d'insulter l'écran à cause de ce baptême débile! Il s'appelle Solo parce qu'il est seul! Franchement? Les scénaristes pensent vraiment qu'on avait besoin qu'on nous explique la métaphore même pas métaphorique de George Lucas? Pathétique.
Mais passons, Han Solo est né, il veut être pilote, il sera trouffion! Voilà une histoire que j'aurais aimé suivre : Solo à l'académie impériale qui se fait mettre dehors parce qu'il est allergique à la discipline! Mais non, flash forward, il est dans la gadoue et se retrouve aux arrêts parce qu'il est un crétin qui fait trop confiance. Il a rencontré une bande de voleurs menée par Beckett (Woody Harrelson) qu'il veut rejoindre parce que "parce que" et qui l'ont balancé comme déserteur (alors qu'il ne l'est pas! Les procédures impériales sont super nases)
Au fond d'une fosse pleine de boue et de flotte, il va rencontrer quelqu'un.


Dans un bel écho (pour une fois) au "Retour du Jedi", Han rencontre Chewie dans une fosse grillagée. Ils sont sensés se battre mais Han retournera la situation grâce à son bagoût et un couple mythique verra le jour.


Après cette tranche réjouissante, on retombe dans le n'importe quoi puisqu'il rejoint Beckett et sa bande, parce que "ce sont ses amis" et ils partent ensembles pour faire un casse (très bon casse d'un train (revoilà le western), visuellement virevoltant et inventif).


Je fais une pause ici pour souligner un problème de narration important de ce film et un défaut que je retrouve dans bien des films ces derniers temps. Han a parlé 2 fois à Beckett avant de le désigner comme "un ami". Il rencontre Chewbacca, ils s'évadent, et pour accélérer la relation il l'appelle d'entrée Chewie! Et je dis non! Chewie est un diminutif d'affection, de vieux couple, d'amis pour la vie qui se connaissent, qui savent tout l'un sur l'autre et pas un diminutif parce que le nom est trop long ! 2ème problème majeur après le baptême à la noix.
Cet élément d'accélération forcée des relations est un problème récurrent. On le retrouve dans "Le Réveil de la Force", par exemple pour rester dans la saga, où on nous sur-vend la relation Po/Fin et Fin/Rey ou encore dans "Rogue One" avec l'équipage au grand complet/Jin.
Il faudrait comprendre que ce n'est pas parce que vous nous dites qu'ils sont amis à grand coup de scènes placées aux forceps et de phrases complices que nous, spectateurs, allons le ressentir!


Après le casse, avec la mort de personnages beaucoup trop intéressants pour les faire mourrir, Han se retrouve embringué dans un autre vol dans les mines de Kessel avec d'anciens et nouveaux alliés. C'est une bonne séquence, l'idée est bonne


cette planète entourée d'un orage permanent fait comprendre pourquoi ce fameux raid de Kessel en moins de 12 parsecs est si impressionnant


mais l'exécution est un peu gâchée. Le raid de Kessel n'est pas aussi impressionnant au final qu'on aurait pu l'espérer, la faute à un choix douteux


au lieu de continuer dans le tunnel façon jeux de labyrinthe à toute berzingue histoire de prouver qu'il est un super pilote, il coupe à travers la purée de pois et on se trouve simplement avec des monstres et des météorites.


La dernière partie, avec l'allusion à la rébellion, est poussive et outrageusement alambiquée pour pas grand chose. Cependant, elle établie Han Solo comme un allié du bien d'entrée de jeu et pas comme un personnage sombre dans sa sombritude qui trouvera sa rédemption en rencontrant Luke et Leia.


J'aurais préféré, pour ma part, un Han Solo plus cynique dès le départ et que la trahison de la fin (si vous ne la voyez pas venir, c'est à désespérer) rendrait plus instable encore mais Ron Howard a choisi une route plus lumineuse pour Han et il maintient bien son argument. J'achète.


La réalisation justement, est de très bonne qualité. On sent qu'il a fallu qu'il prenne ses marques rapidement et que certaines scènes étaient déjà en boîte mais il met tout de même sa patte avec un visuel définitivement vintage, c'est les années 60 dans l'espace. Howard a fait ce qu'il a pu je crois et malheureusement, je pense que c'est le scénario qui a le plus pâti des changements de direction. Je n'ai pas été gênée par le côté sombre des images, ça m'a paru faire partie de l'ambiance. Par contre, j'ai trouvé la sur-utilisation des pompes à fumée louche = cache misère de fin de budget.


Côté distribution, Alden Ehrenreich se sort pas mal d'un rôle qui appartient à quelqu'un d'autre. Il évoque Ford sans copier (j'attends de le voir en VO pour compléter mon avis sur le sujet), on le sent un peu gêné aux entournures et il pousse sur la jeunesse et l'innocence un peu trop mais ce n'est peut être pas de sa faute.
Woody Harrelson en Becket n'est qu'une caricature de ce que deviendra Han Solo (merci pour le personnage de mentor/modèle si original). Harrelson fait son boulot avec compétence et je n'ai pas eu l'impression qu'il trainait les pieds plus que ça. On ne sait cependant pas quelles sont les motivations de ce personnage.
Emilia Clarke fournit la présence féminine (in)dispensable avec le rôle (in)dispensable d'intérêt amoureux. Le personnage a cependant un peu de substance et est intéressant. Elle l'incarne avec compétence.
Paul Bettany est toujours impeccable mais son rôle semble dépourvu d'intérêt. Une occasion ratée de créer un opposant valable. Je suis cependant contente qu'ils ne soient pas partis directement avec Jabba, c'est au moins une surprise.
Childish Gambino / Donald Glover est impeccable en Lando Calrissian. Il capture parfaitement l'aura de Billy Dee Williams, le charmeur, magouilleur, un peu huileux qui vous serre la main mais tient un poignard dans l'autre. C'est une bonne rencontre pour Lando et Han, bien gérée, distrayante et cohérente. Ils le transforment en dandy et lui rajoute en plus une obsession des capes ce qui est drôle et donne du piquant au personnage. C'est un petit rien qui fait la différence.
Et bien sûr, il y a un droïde de service L3-37, et elle est géniale! Elle a une personnalité, elle a de la répartie, elle met le bronx mais c'est cohérent avec son personnage.


Je suis dubitative sur la relation humain/droïde tout de même. La scène d'adieu entre Lando et L3 est bizarre pour le moins, mais pourquoi pas.


En conclusion, parce qu'il est temps, malgré un début laborieux et des hauts et des bas, le film a atteint son but de distraction pour moi. Malgré les facilités habituelles et si le personnage n'en sort pas plus intéressant, il n'en sort pas dénaturé non plus et Howard en bon faiseur a sauvé les meubles même si ce film est dispensable.


Au bout du compte, une bonne surprise plutôt qu'une mauvaise. Ca se fête!


Dernière chose


Darth Maul???? mais pourquoi? comment? non, je vous en prie!

Créée

le 12 juin 2018

Critique lue 330 fois

8 j'aime

Anilegna

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