Joyeux Noé !
Cadeau à Ducon du Père Gaspar qui, en 1998, a bien compris — poussant plus avant la logique d’un Besson (ou même d’un Beineix) —, que le factice, le tape à l’œil, le superficiel, le trivial, voire le vulgaire, sont La Voie.
Le cinoche américain, avec ses Stallone-Schwarzy-Willis~ est certes efficace mais il est lourd, naïf. Nous, les Frenchies, on ne va pas vendre notre âme de cette manière : on ne va pas flatter directement Ducon à la manière des Caincains ; on va lui faire croire qu’il est au-dessus, qu’il est sensible, lucide (woke avant l’heure). Ce faisant, on ratisse côté Sachance, Cuistrerie, Bêtise satisfaite, Philanthropie à deux balles. Dans le filet, un sacré pacson d’universitaires, de journaleux, de magistrats… : individus sévissant dans des domaines/disciplines où on est officiellement censé être généreux mais où, bien au contraire, on lorgne avant tout carrière, nombril et pépètes — soit dit en passant : je n’ai jamais rencontré de personnes aussi intéressées, aussi peu altruistes que chez les clowns d’LFI.
Je ne suis pas contre une immersion dans la méchanceté, la bêtise et la laideur des Hommes. Bien au contraire.
Noér c’est noér, il n’y a plus d’espoér
Faut-il, afin de faire valoir la noirceur de ce monde affolant, en passer par un propos exclusivement noir ?
Ça depend de ce qu’on appelle « noir ».
Le noir à la Gaspard, c’est le vantablack : absorption quasi-totale de la lumière, soit, au cinéma, le beau et l’émotion. Noé sent que dans un monde de zombies il faut pactiser avec la surenchère et l’outrance, servir du moche, du dégueu, du vil, tout en se faisant passer pour un être abhorrant tout cela, pour un provocateur, un type-qui-dérange.
Comme si donner de la merde à manger à des coprophiles tenait de la subversion !
Comme si les pauvrissimes Despentes, Dustan, Breillat, Angot, Marsault, avec leur fonds de commerce trash-porno-cul-cru (tous ne cumulent pas) étaient plus courageux, plus esthètes, plusss-meilleurs que les derniers artistes/créateurs arc-boutés sur le Beau, la réflexion, la délicatesse… (je veux bien des noms).
Le déluge de Noé
Gaspard, ce rat, n’a pas compris (ou pas voulu comprendre) que c’est du contraste que naît la noirceur. Qu’est-ce que l’obscurité pour un protée ? Ces flots d’images pisseuses, ces acteurs laids, ces propos outranciers, ces effets sonores débiles… ils valent quoi en regard d’autres flots d’images pisseuses, d’acteurs laids, de propos outranciers, d’effets sonores débiles… ?!
Et ce monologue permanent de Philippe Nahon — la voix off, facilité insupportable… pilonnée pendant tout le film (pas les 93 minutes, mais d’un bout à l’autre).
Philippe Nahon qui a d’ailleurs la parfaite gueule de l’emploi en Maurice Ronet bouffi et quasi-mutique.
Noir c’est noir…
… certes … mais avec deux-trois lucioles : un médecin juif qu’il-est-gentil-comme-tout et un Arabe tout aussi gentil maltraité par un patron de bar abruti.
Gaspar avait vraiment tout pigé, comme le reflète sa note SC (au 6 setp. 22) : 7,2/10