Seul contre tous
7.2
Seul contre tous

Film de Gaspar Noé (1999)

Ce film est une merde. 3/10


C'est l'histoire d'un connard. Une espèce de prolo dégueulasse, un type incapable de voir au-delà du bout de son nez, qui n'a jamais rien fait de mieux que de se plaindre.


Pour nous raconter son histoire pas du tout intéressante, Gaspar Noé, très peu inspiré, nous balance des gros messages bien agressifs visuellement, toutes les 5 minutes, histoire de bien flinguer le rythme du film et de ne laisser aucune place à l'interprétation, comme s'il considérait que le spectateur est juste un peu trop con pour penser tout seul et retenir ce qu'il veut de son film. Remarque il a pas tort, et ça montre bien à quel point le film est casse-gueule ; peut-être d'ailleurs que ces messages sont à prendre comme Noé se répétant ces phrases dans sa tête, histoire de se convaincre lui-même qu'il a bien compris son scénario et qu'il a quelque chose à dire.


Et comme il veut bien nous montrer qu'il est un artiste/anticonformiste/tout-ça, il se croit obligé de ponctuer son film d'effets de montage et de caméra bien dégueulasses, et ce jusqu'à l'overdose. Sûrement qu'il se croit investi d'une mission divine ou je sais pas quoi. À la rigueur ça aurait pu passer s'il en avait pas abusé comme un pré-ado qui vient d'acheter son premier Playboy. Ça aurait pu faire un petit effet à la cool du genre "Mon film est aussi instable et versatile que l'être humain moderne qu'il tente de dénoncer". Mais là non, ça fait juste "J'avais rien d'intéressant sur cette scène, alors j'ai balancé des effets de montage et de zoom bien crados, pour cacher le fait qu'il ne se passe rien".
Dans le même ordre d'idées, et comme le scénario faisait à peine 20 pages (et qu'il pouvait quand même pas sortir un truc plus court que Carne), on a droit à des scènes de 10 minutes de Philippe Nahon qui marche dans la rue, avec son monologue interne de vieil aigri détestable. Tu sais, comme le vieux chelou tout bourré qui vient te voir des fois et qui te raconte comment "C'est tous des pourris !". En général ce mec tu l'évites, parce que tu sais que contrairement à ce qu'il croit, il y en a des milliers comme lui, et qu'ils racontent toujours plus ou moins la même chose, le même discours totalement dénué d'intérêt et de pertinence. Eh ben là t'as pas le choix : faut écouter Nahon jacter et jacter encore, jusqu'à l'overdose finale.


Vers la fin, au cas où certains spectateurs n'auraient pas encore compris qu'ils sont dans un film glauque, Noé décide de mettre la carte de l'inceste sur la table. Jusqu'ici à peine évoqué, y compris dans Carne, cette perversion des perversions, qui aura assurément l'effet souhaité sur le péquin standard, est balancée avec toute la subtilité que nous a montré Gaspar depuis le début du film.


Bref, un film à l'image de son personnage principal : creux, vide, inconsciemment convenu et extrêmement désagréable.
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Ce film est génial. 9/10


Voilà un film qui ne laissera pas indifférent. Loin de l'archétype du film d'auteur français un peu rébarbatif, Noé livre ici une diatribe enflammée et acide contre toute la société moderne, humaine en générale et française en particulier.


Le film est en fait une suite du moyen-métrage Carne, sorti quelques années plus tôt. On retrouve le boucher chevalin (dont le nom de famille est Cheval gag), qui va cette fois plonger beaucoup plus profondément dans les méandres de son esprit malade. C'est crade, c'est poisseux, ça suinte de tous les côtés... Voilà un parfait exemple de comment l'esthétique d'un film peut être au service de son histoire et de son propos (et en accord total avec eux). Les couleurs sont très saturées, chaudes sans être chaleureuses. Le contraste très élevé de l'image lui donne ce côté dégoulinant, comme si tout cette crasse allait sortir de l'écran pour gicler sur le spectateur, qui n'est désormais plus à l'abri de rien devant ce film. D'ailleurs avant le final, Noé nous prévient : il est encore temps d'arrêter le visionnage du film. Il rend ainsi le spectateur responsable de toute l'horreur qui se déroule devant ses yeux (Haneke reprendra la même idée dans Funny Games).


Seul contre tous ne serait rien sans Philippe Nahon. Philippe Nahon est le boucher. Il est seul à l'écran pendant 90% du film, et le porte ainsi sur ses épaules, avec un talent qui dépasse l'entendement. Ses expressions faciales, sa diction, sa simple voix, tout en lui est absolument parfait pour interpréter ce boucher qu'on adore détester (ou qu'on déteste aimer, au choix).
Parlons également des seconds rôles. Bien que très peu nombreux et très peu présents à l'écran, ils sont tous très attachants. Tous les personnages de ce film sont les laissés pour compte de la modernité. Tous ces personnages, toutes ces gueules, qu'on n'aime pas forcément côtoyer dans la vraie vie, m'ont semblé attendrissants derrière le filtre de l'écran. Ceci est à mettre en lien avec les dialogues, particulièrement bien écrits, et qui savent aller chercher au fond des personnages (et donc des spectateurs) ce petit détail bien morbide, bien dérangeant, qui est toujours là, tapi.


Avec ce film, Noé ne fait aucune concession, va jusqu'au bout du parcours entamé avec Carne, et règle tous ses comptes avec la société. Bang !

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le 19 sept. 2013

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YellowStone

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