Second Tour
6.1
Second Tour

Film de Albert Dupontel (2023)

Passées l’amusante satire des médias d’information continue et la rigolote enquête des deux journalistes, le film vire rapidement au grand n’importe-quoi, faute d’un scénario qui ne sait pas où aller et des message final incohérent et faible.

Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier, héritier d'une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu'elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête.

Le film commence bien. Dupontel moque assez méchamment les chaîne d’infos, avec leurs questions complaisantes, rédigées à l’avance, avec leurs sujets axes sur la vie des candidats plutôt que sur leurs idées. C’est assez bien vu. Puis, la journaliste et son caméraman se lance dans une enquête rigolote. Mais c’est tout. Après ça, disons les 15/20 premières minutes, le film devient… rien.

Un jour après la vision du film, plusieurs questions se posent. Pourquoi avoir alourdi son film avec cette histoire de frère, de Roumanie ? Ca n’apporte rien du tout, ni à l’intrigue ni au film. Passées les premières bonnes idées, le film n’est plus qu’une succession de pistes scénaristiques assez mauvaises. Que viennent faire les agents du Mossad dans l’histoire ? Avec cette histoire de frère, on aurait pu partir sur le terrain de la farce, comme dans « La gueule de l’autre » de Pierre Tchiernia. Mais non, le film reste d’un sérieux infaillible.

Car il est évident que Dupontel souhaite à tout prix faire passer son message, son opinion des choses. Comme Ken Loach, l’acteur semble être un idéaliste qui souhaite un monde meilleur. Mais franchement, il ne dit rien de vraiment original. Dupontel semble également avoir un côté un peu anar. Mais comment le prendre au sérieux quand il fait preuve d’une telle mollesse.

Et comment comprendre ces attentats qui visent continuellement le personnage ? Une bombe explose, il se fait tirer dessus à un meeting. Qu’est-ce que c’est censé évoquer ? Ces scènes me semblent faire écho à une autre époque de la politique française. L’aspect politique du film me semble être ce qu’il y a de plus raté. Car on ne reconnaît jamais le monde politique actuel tel qu’on l’observe aujourd’hui. Son personnage de Pierre-Henry Mercier peut éventuellement rappeler Macron sur certains points mais c’est à peu près tout.

Le film me semble souffrir du fait que Dupontel ne sait pas dans quelle direction aller. Il semble à la fois vouloir faire une satire du journalisme politique, voudrait délivrer un message politique. Il entremêle ça d’une histoire familiale. Mais aucune des pistes n’est réellement approfondie ou aboutie. A la fin du film, on ne sait toujours pas ce que Dupontel a vraiment voulu nous dire.

Ce qui est réussi comme toujours chez Dupontel, c’est l’aspect visuel. Il y a des plans assez incroyables, vus par exemple à travers une télé. Comme dans ‘Neuf mois fermes’, la lumière du film est assez jaunâtre. Dupontel cinéaste a toujours une esthétique proche de la BD. Avec par exemple, cette supérieure très pincée au physique très rectiligne. Ou par exemple, les réactions très cartoonesques de Nicolas Marié.

Comme toujours, Dupontel s’entoure de ses fidèles : Philippe Uchan, Bouli Lanners et Philippe Duquesne. C’est fort sympathique, mais il aurait mieux fait de donner vrai rôle à Cécile de France qui navigue un peu à vue dans le film, faute d’avoir un vrai rôle à jouer.


Noel_Astoc
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le 12 nov. 2023

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Noel_Astoc

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