Scrooge,  un (mé)chant de Noël
5.7
Scrooge, un (mé)chant de Noël

Long-métrage d'animation de Stephen Donnelly (2022)

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Il y a eu tant et tant d'adaptation du conte de Noël le plus célèbre de la littérature !

Avec, dans le rôle-titre, Patrick Stewart, Jim Carrey, Michael Caine, Picsou (Scrooge en VO), Donald Duck, Bill Murray, un antagoniste du Dr Who maître des nuages, et bien d'autres ...

Que vaut cette nouvelle version de 2022 ?

Guère plus que celle des Looney Tunes, à cela près qu'elle ne s'assume même pas comme une parodie.


LE +

Le personnage souvent sous-traité du neveu a droit à une plus grande place dans l'intrigue, ouvrant littéralement le bal.


LES -

CONTRE-SENS TOTAL sur le personnage de Scrooge, devenu une sorte de Gru-like, prenant un malin plaisir à taxer et être méchant, au point qu'on ne le distinguerait plus du Prince Jean de Robin des Bois: exit le personnage froid et insensible de la nouvelle. Celui-ci a un coeur mais un coeur mauvais, joue sur la fête de Noël pour escroquer tous ses créanciers et n'est même plus un solitaire aigri ne trouvant sa seule consolation que dans les livres de comptes. Non, c'est juste une sale raclure venue taxer la terre entière, conscient de ses profits substantiels !

CONTRE-SENS déresponsabilisateur qui met à mal le spectre de Marley car, au lieu d'être son associé, le vieux Jacob est le mentor maléfique de Scrooge. Lequel est devenu ce qu'il est par pure imitation de Marley. Ainsi Jacob Marley cherche davantage à s'amender lui-même en prétendant aider Scrooge. Un comble !

Sans parler de la relation Scrooge-Gratchit traité à la manière d'un twist à la mode: Scrooge a ruiné le père de Bob Gratchit et est donc responsable de la pauvreté de son employé (parce que Marley le lui a conseillé). Un vrai scandale !


CONTRE-SENS TOTAL aussi dans le traitement des personnages qui environnent Scrooge entre le spectre de Marley qui se prend pour la Reine des Neiges, L'Esprit des Noëls passés - jolie, symbolique - mais agaçante dans son traitement pixarien-marvelien, celui du Noël présent qui hésite entre le Génie d'Aladdin et le Dr Who (Oui, il se régénère: c'est donc une sorte de Seigneur du Temps) mais avant tout les pauvres et quêteurs représentés comme des donneurs de leçons, des enfants insolents voire un créancier qui grapille toujours plus et se voit victime d'un Scrooge qui ne fait que jouer le même jeu que lui. Ce dernier prouvera même à quel point, souvent, les bonnes gens seront ici pire que Scrooge lui-même: dans une scène du roman, un couple apprend sa délivrance des dettes vis à vis de Scrooge tout en se sentant coupable de se réjouir de sa mort; ici, on fête ça en parade Disney inspirée de "Mes amis sont de l'au-delà" de La Princesse et la Grenouille, parade suivie par un Scrooge à ce point à côté de ses godasses qu'il croit que les gens l'acclament ! Il n'y a donc que de mauvais êtres humains prêts à se changer en guimauve dès que l'on verse dans la morale démocrate ? A priori, oui ... (sans parler de l'ajout de personnages #BLM que soulignent ces mauvais choix de caractère).


Le pire restant finalement ce qui donne son titre à cette critique: voilà Scrooge affublé d'une chienne, Prudence.

Le chien, symbole du passage entre les mondes, pourquoi pas ? La chienne allégorie de son prénom, pourquoi pas ... si elle l'incarnait réellement pour mieux expliquer le caractère froid de Scrooge (ce qui,ici, n'est pas le cas).

Mais un chien pur comic-relief, non !

En outre, si c'est la solitude qui rend Scrooge si aigri, comment justifier le tempérament du personnage si un chien si affectueux l'accompagne et lui fait la leçon des esprits avant leurs apparitions ? Quelle raison d'être pour nos spectres ? Scrooge semble découvrir ce que son animal lui montre depuis le début. Rappelons à ce sujet que si chien il y a bien chez Dickens, ce sont ceux des aveugles qui bénissent la cécité de leurs maîtres qui ne peuvent pas voir Scrooge.


En somme, une version dessin animée 3D sauce Pixar, chantée, largement en-deçà de l'adaptation de Disney ou de Zemeckis ou de David Hugh Jones, qui sombre dans le contre-sens et la parodie involontaire.

Allons lire l'oeuvre originale ou voir les adaptations citées ci-dessus pour conserver en tête un bon traitement du matériau d'origine.

Frenhofer
5
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le 10 déc. 2022

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Frenhofer

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