
Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour.
Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long.
Trop long car son début est excellent; une perle, que dis-je une perle?, un youkounkoun, une panthère rose!
Il présente le service militaire dans toute sa cruauté et toute sa bêtise, mettant impeccablement en scène une troupe de personnages délirants et délicieusement hilarants au service de situations caricaturales totalement assumées et, par voie de conséquence, très justes. Les piques antimilitaristes de M. Kubrik percent mais jamais ne font mal: il a voulu - comme Erasme - prévenir et non pas mordre. Et il a réussi.
Mais, voilà: le film aurait dû s'achever sur la mort du Sergent Hartmann, véritable boucle-bouclée de ce début plein du nonsense militaire: le chef instructeur qui
les a fait dormir avec leurs fusils, les a rabaissé pour les transformer à coups de répliques inoubliables ( " Tes parents ont eu des enfants viables? Ils doivent s'en mordre les doigts, les pauvres! T'es tellement toquard qu'on dirait un chef d'oeuvre de l'art moderne!" ou " J'aime pas le Texas: y'a qu'des taureaux et des pédés au Texas! Et vu qu't'es pas très taureau sur les bords, tu s'rais donc de l'autre bord!"),les a unifié pour ne former qu'un seul corps, les a, selon sa volonté explicite, changé en "Prêtres de la Mort implorant la Guerre", est tué par les monstres qu'il a créés.
Fin.
Note du film 10 /10, coup de coeur, palme d'or et tout le reste.
MAIS HELAS ...
Il y a une suite, pour justifier l'appellation de long-métrage, sans doute. Ou pour adapter entièrement Le Merdier de Gustav Hasford, source du film et sorte de sous-A l'Ouest rien de nouveau à l'américaine.
Et cette suite n'est pas inspirée car elle choit dans le grotesque du barbare, dans la parodie du film de guerre.
La dénonciation de la guerre est toujours là, mais, discrète, elle s'étiole...
Le brave engagé Guignol (Mattew Mondine connu pour Hitler ou la montée du Mal et The Dark knight rises) et sa bande de joyeux lurons parmi lesquels Grosse Baleine (Vincent D'Onofrio dans son meilleur rôle; je le trouve personnellement bien trop vomitif dans Men in Black) peinent à conserver le rythme de début de film et John Terry (Tuer n'est pas jouer, LOST) est bien trop neutre.
Il en résulte une parodie approximative des films de guerre, une critique du fait militaire qui s'essouffle vite et un casting d'exception assez mal employé.
Venant de Kubrik - qui est le réalisateur que l'on sait, M. Shinning, Sopartacus, Eyes wide shut ou Dr Fol amour - cet essoufflement déçoit car il est un signe d' un assujettissement au dogme du métrage. Et paradoxalement, il devient la preuve que la qualité d'un film n'est pas sa durée mais son intensité ou sa profondeur.
Il est aussi signe que le réalisateur d'un film peut adapter librement un livre lorsque le matériau de base ne lui semble pas qualitatif: autant Kubrik a bien fait de rester relativement fidèle à Shinning de King autant il aurait pu n'adapter que la première partie du Merdier de Hasford qui était auto-suffisante.
D'où un 2 pointé (casting et parodie de film de guerre).
Une moyenne de 6.
Full Metal Jackett est un court culte de Kubrik noyé dans un long lourd des lobbies du métrage.
(Il est donc aussi à l'image de cet article qui développe sur des lignes et des lignes ce que je pourrais dire en quelques phrases.)