Sabotflix

Tout pour plaire sur le papier : un groupe de personnages variés qui se lancent dans un plan bien huilé, une image brute, sous haute tension et un message écologique fracassant, issu d'un bouquin très réputé.

Le retard qu'a ce film est consternant : déjà dans son esthétique toute plate rendant sans cesse l'impression d'un épisode de série TV des années 2000 mais aussi dans ses personnages d'ados à la personnalité purement fonctionnelle : la rasta yolo qui n'a rien à perdre parce qu'en fait on apprend qu'elle est malade, le débile au look de surfeur défoncé qui fait des blagues gênantes et qui pense qu'à baiser et fumer des joints mais à qui tout le monde fait confiance quand même lol ça va bien se passer, la grosse brute qui parle pas mais qui a un grand cœur parce qu'en fait il veut protéger sa family, et quelques autres personnages annexes n'ayant quasiment aucun intérêt à part apporter un pivot dramatique inutilement comme se fracturer le tibia (sans tomber dans les pommes).

Que dire des immenses ficelles du scénario sorties comme des gadgets pour ajouter artificiellement de l'enjeu à une histoire beaucoup trop faible (la meuf qui prend discrètement une photo et qui envoie des textos en cachette... hum... ça alors, mais que cache-t-elle???)

Le problème principal est d'ailleurs ici : ce film ne raconte rien de plus que l'exécution de ce plan aux péripéties fatalement prévisibles. Au-delà du fait qu'il n'y a étonnamment pas le moindre propos vraiment politique, ce qui choque est surtout l'absence de mise en scène, et donc de point de vue. Les plans ne montrent rien de plus que ce qu'il faut filmer, tout va à l'efficacité, on descend le cahier des charges rigoureusement, évitant le moindre accident, le moindre pépin, au cas où cette foutue émotion aurait la diable envie de nous passer un petit coucou.

Imaginez l'ennui devant une scène de dialogue, dont les lignes vont à l'essentiel et délivrent uniquement le message rendant à la scène sa raison d'exister, filmée de façon froide et mécanique sans s'animer d'une quelconque envie de cinéma. La majorité des scènes sont bonnes à être regardées en même temps que le repassage ou un fil Insta.

Du Netflix en puissance : anecdotique, rond, insignifiant.