Voici encore un beau portrait de jeune femme de la part de Philippe Faucon, lui qui est devenu un peu un spécialiste du genre (avec entre autre Samia, Muriel et les filles de Fatima).


Il donne vie au personnage d'Agnès, devenu Sabine, par la force des choses.


Agnès, seize ans, n'a pas l'air gâtée par la vie dès le début : de mère, on n'en entend pas parler : décédée, volatilisée, on n'en saura pas plus. Pour père, elle a un alcoolique, dépassé par les événements, avec qui elle ne s'entend plus du tout visiblement, car elle fuit le domicile familial précipitamment, se précipitant chez une amie de lycée.


Elle naviguera ainsi de foyer en foyer jusqu'à rencontrer celui un certain Jérôme, en boite de nuit.
Elle trouve un point d'ancrage avec lui, sans en tomber vraiment amoureuse.
Mais un enfant ponte bientôt le bout de son nez. Un enfant non désiré au départ, mais dont Agnès souhaite s'occuper malgré tout.
Malheureusement, une belle-mère très envahissante et culpabilisatrice s’accapare de plus en plus l'enfant et déstabilise totalement Agnès, en lui faisant croire qu'elle est une mauvaise mère.
La fuite sera le seul refuge d'Agnès, à nouveau. Retour à la case départ chez la même amie.


La descente aux enfers commence : par la drogue, puis la prostitution pour trouver de l'argent.
Agnès, transformée en Sabine, n'a même plus la force d'aller au tribunal exiger la garde de son fils qui a été rapté par la belle-mère.


C'est hélas le lot partagé d'une jeunesse paumée, désœuvrée, qui cherche à survivre malgré tout.
Sabine enchaîne les mauvais nouvelles : le décès par overdose de sa meilleure amie, avec qui elle fait cause commune.


Le sida finit par la rattraper ...


J'ai apprécié que Sabine dépasse son destin tragique en rebondissant, et en reprenant contact avec son fils, qui lui avait été enlevé.


Philippe Faucon fait des portraits sans pathos et sans complaisance, et donne toujours une once de résilience à ces personnages.


Catherine Klein est remarquable dans le rôle titre.


Elle réalisera deux ans après, en 1995, un court-métrage intitulé Le ravin, et la même année, elle co-écrit avec Philippe Faucon le scénario de Muriel fait le désespoir de se parents, dont elle incarne le rôle titre.

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le 29 avr. 2018

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