Alors pourquoi Ghostbusters IV, me direz-vous ?

Parce ce que je considère Ghostbusters: The Video Game comme étant Ghosbusters III (tout comme Aykroyd le clame aussi, par ailleurs), puisque celui-ci se déroule 2 ans après le film de 1989 et donc, cet Afterlife devient de fait le IV puisque la trainée de bave cuvée 2016 n'est - et ne sera jamais - canon dans la franchise, vous suivez ?

Genèse:

Après la sortie de Ghosbusters II, Dan Aykroyd commença l'écriture d'un scénario intitulé Ghostbusters III : Hellbent, où l'équipe de casseurs de fantômes se retrouvaient dans une dimension parallèle infernale où Manhattan se nommait Manhellton et où ils devaient affronter le Diable en personne !

Malgré le fait que les autres membres du casting originel (surtout Bill Murray) ne soient guère intéressés pour un troisième film, la firme Columbia Pictures se disait prête à s'y impliquer.

Le script fut alors modifié en ce sens et une nouvelle équipe allait être aux côtés de Stantz, Spengler et Zedmore, pour maintenir l'entreprise à flot.

Le projet resta cependant à l'état embryonnaire et ne reparut qu'en 2004. Murray ne souhaitant plus y participer du tout, il fut question de Ben Stiller en tant que tête d'affiche, mais le manque d'intérêt des autres membres du casting originel replongea Ghosbusters III dans les limbes.

En 2008, une partie du script d'Aykroyd fut recyclée et servit de base à l'excellent jeu vidéo Ghosbusters: The Video Game, où la majorité de l'équipe originale (moins Sigourney Weaver, occupée sur le tournage d'Avatar) et Rick Moranis (retiré du monde du spectacle pour s'occuper à temps plein de ses enfants, depuis le décès de sa femme en 1991) soit Murray, Aykroyd, Ramis, Hudson, Annie Potts et William Atherton, furent réunis une ultime fois, avant le décès d'Harold Ramis en 2014.

Le jeu fut un succès critique et public, faisant alors remonter l'année suivante le projet Hellbent sur le devant de la scène, avec une possible implication de Murray et des autres membres originaux.

L'année suivante, Aykroyd annonça que la production du film allait débuter avant la fin 2011 et ce, malgré un nouveau refus de Murray.

Ivan Reitman se dit prêt à reprendre la mise en scène mais finalement, la Columbia mit le projet en pause pour tentrer de remédier à l'absence de Bill Murray, dussent-ils le remplacer par un autre acteur ou même par sa version fantomatique en CGI (comme Ramis le sera finalement dans Afterlife).

Le scénario fut encore modifié et l'intrigue tournerait cette fois autour d'une nouvelle équipe de chercheurs mandatée par l'université, pour lutter contre des menaces venant d'autres dimensions.

Le script garda l'option d'y intégrer le personnage de Venkman dans l'espoir que Murray se décide finalement à rejoindre la production.

Cependant, après la mort d'Harold Ramis le 24 février 2014, Sony/Columbia retarda la mise en chantier de cette seconde séquelle pour retravailler le scénario.

En 2015, Reitman annonça son retrait en tant que réalisateur avant que le projet se transforme en un reboot de triste mémoire.

Après l'incompréhensible succès de la chose de Feig, l'idée de repartir dans la timeline des films originaux se fit jour et cette fois, en utilisant le gimmick familial d'un des persos principaux.

C'est le propre fils d'Ivan Reitman - Jason - qui rédigea un nouveau script avec Gil Kenan où apparaitrait la fille et petite-fille de Spengler, recentrant ainsi le script sur le thème familial avec en fond, un bel hommage à Harold Ramis, mais ce, uniquement après que Violet Ramis-Stiel - donne sa bénédiction au script..., ce qu'elle fit avec plaisir.

Quant à Bill Murray, il accepta finalement d'être de la partie en déclarant d'ailleurs:

"The script is good. It's got lots of emotion in it. It's got lots of family in it, with lines that are really interesting. It's gonna work."

(Le scénario est bon. Il y a beaucoup d'émotion là-dedans. Il y est grandement question de la famille avec d'intéressantes répliques? Ça va marcher !"

Il retrouva donc ses anciens compères Aykroyd, Hudson et Potts (après leurs précédentes réunions pour le voice-cast du jeu vidéo en 2009), avec un nouveau casting incluant entre autre Carrie Coon, Paul Rudd et la sublime Mckenna Grace.

Lorsque cette dernière auditionna pour le nouveau film de Jason Reitman elle n'avait aucune idée de ce que le film était censé être:

It was just ‘Untitled Jason Reitman project. And it totally sounded like a Jason Reitman film: A single mom with her son and daughter moves to her estranged father’s old farmhouse after he passes away to discover their roots. I started hearing little rumors that it was going to be a ‘Ghostbusters’ film. I was like, ‘That’s baloney. No way they’re making another!’ And I was wrrr-ooong.”

(Pour moi, c'était juste un projet sans titre de Jason Reitman. Et ça ressemblait totalement à un film de Jason Reitman: "Une mère célibataire emménage avec son fils et sa fille dans la vieille maison paternelle à la suite de la mort de celui-ci, pour découvrir ses racines familiales. J'ai commencé à entendre des rumeurs qu'il allait y avoir un nouveau Ghostbusters. et moi j'étais en mode "C'est n'importe quoi. Aucune raison qu'ils en fassent un autre !" Et je me trompais à mooorrrt.)

De plus, Mckenna avoue être une fan assidue de la franchise depuis toujours et avoir vu G84 à l'âge de 3 ans.

It was actually really hard to stay so stoic and focused because of how excited I was to be in the same vicinity as Ecto-1 and Ivan and Jason. I just kind of put myself in a totally different mindset, and then they’d yell cut, and I’d go, ‘Oh my god! I just shot a ghost!‘”

(C'était vraiment très difficile de rester aussi stoïque et concentrée à cause de l'excitation que j'avais d'être dans le même voisinage qu'Ecto-1, Ivan et Jason. Je me suis mis dans un état d'esprit totalement différent, puis ils criaient « coupez », et je me disais : « Oh mon dieu ! Je viens d'abattre un fantôme !)



Pour bien se préparer pour leurs rôles respectifs, Carrie Coon and Mckenna Grace se virent demander de lire l'autobiographie de Violet Ramis-Stiel "Ghostbuster's Daughter: Life with My Dad, Harold Ramis" car leur personnage respectif avaient été écrits en se basant sur ce livre.

Mckenna hérita aussi de lunettes similaires à celle portée par Harold Ramis en 1984, tout comme sa coiffure particulière fut créée pour rendre hommage à celle de Spengler, bien que plus ondulée.

Il est à noter que son partenaire Finn Wolfhard ne sut pas plus qu'elle qu'il auditionnait pour Afterlife, discrétion oblige.

Il s'était d'ailleurs fait la réflexion qu'à cause des scènes où il apparaissait en tenue de Ghostbusters lors de la saison 2 de Stranger Things, il ne serait jamais auditionné dans le cas d'un nouveau film...et bien sûr, c'est grâce à ça que Reitman fit appel à lui !

Quant à Paul Rudd il rejeta l'offre d'apparaitre dans Halloween Kills pour reprendre son rôle de Tommy Doyle (qu'il tenu dans Halloween VI: The Curse of Michael Myers) pour jouer dans Afterlife.

Choix très judicieux car l'écriture de Doyle dans le film de Green en est l'un des points faibles...

Les prises de vues débutèrent finalement le 12 juillet 2019 sous le titre Rust City dans l'Ouest canadien en Alberta puis Calgary.

Deux Ecto-1 furent remises à niveaux (au niveau des suspensions et des motorisations, principalement) et le tournage principal se termina le 18 octobre de la même année, soit 68 jours de tournage.

Reitman souhaitait que la majorité des scènes puissent être tournées en décors réels, minimisant au maximum les CGI pourtant très à la mode..., ce que son successeur Frozen Empire ne saura hélas, pas éviter...

Qu'en est-il du film ?

Avais-je de fols espoirs à propos de ce nouveau film ?
Non, pas vraiment, en vérité je vous le dit...

Le trailer m'avait pourtant titillé en 2020 et le fait d'avoir entraperçu Ecto-1 et de savoir que Venkman &Co allait réapparaitrent aussi en rajouta une couche...

Mais je n'avais cependant pas de grandes illusions, mais n'était quand même pas contre le fait de le voir.

Une fois vu, je fus soulagé bien sûr !

Alors passons vite fait sur les griefs concernant cet Afterlife:

  • Malgré la volonté de Reitman de tenter de faire le max en effets pratiques (et se passer de CGI autant que faire se peut), toutes les scènes de Phoebe (Mckenna Grace)

sur le siège extensible d'Ecto-1 (et les scènes de conduite par extension) reflètent l'utilisation de green-screens et ça..., ben c'est facilement décelable et c'est embêtant. Il est évident que c'est pour des raisons de sécurité, Mckenna

  • n'étant pas Tom Cruise, hein !,
  • le personnage d'Ivor Shandor (pourtant pilier central du film) est bien trop expédié et la présence de J.K Simmons semble tout a fait accessoire étant donné qu'il n'apparait que dans une poignée de plans (les gros plans, plus précisément car lors des plans éloignés, c'est une doublure (ou stand-in),
  • les scènes

où la présence invisible d'Egon Spengler manipule la lampe pour montrer les choses à Phoebe manquent cruellement de mystères car trop évidentes, et le fait que sa petite-fille ne réagisse pas plus fortement un certain

  • manque de crédibilité,
  • il n'est nullement fait part de l'habilité de Trevor dans le domaine de la mécanique et de fait, sa dextérité à réparer une voiture vieille de plus de 60 ans (la fameuse Cadillac Eldorado Miller-Meteor 1959, transformé en ambulance par la société Wayne Corporation, comme le carrossier Heuliez le fit chez nous avec les Citroen CX) fait lever les sourcils,
  • il n'y a pas plus de mention que Trevor sache conduire tout court, et encore moins un paquebot de plus de 6 mètres de long, démontrant encore une certaine facilité scénaristique,
  • et je pourrais rajouter le fait que le récit s'emballe trop vite pour son bien et manque du peps progressif du film de 1984 auquel il se rattache,
  • sans oublier le fait que dès que les fantômes envahissent la petite ville, tous les habitants disparaissent mystérieusement sans que cela ne soit jamais expliqué...

Voilà en gros pour les points négatifs.

Maintenant, j'ai évidemment apprécié le fait que le scénario ait relié Afterlife aux deux films précédents de manière astucieuse

(Spengler sentant la fin du monde proche et préférant s'exiler et se rpéparer pour ça sans vouloir impliquer ni amis ni famille pour leur propre bien)

tout comme la direction plus intimiste et familiale du script, permettant d'introduire les nouveaux personnages sans forcer la chose et bien sûr, le plaisir de retrouver une partie de l'équipe originale (même si Louis Tully manque, bien sûr) lors du climax final assez émouvant

le très beau "For Harold" lorsque le fantôme de Spengler se dissout dans les étoiles,

sans omettre la réapparition de

Gozer le Destructeur et ses minions Zuul et Vinz Clortho, plus les mini Stay Puft qui semblent être un fort hommage aux Gremlins de Joe Dante de par leurs actions irréfléchies, autre mémorable film lui aussi sorti en 1984, comme

Ghostbusters.

En résumé, Afterlife (le sous-titre français est un peu con car il ne souligne pas le côté poètique de l'original) ne se hisse pas au niveau de son modèle mais ne démérite pas non plus !

La BO de Rob Simonsen réutilise avec parcimonie et intelligence la partition du premier film par le regretté Elmer Bernstein (c'est d'ailleurs son fils qui était consultant musical sur Afterlife) et donne un cachet cohérent et nostalgique à la fois.

Quant au casting, j'avoue que Mckenna Grace y apporte beaucoup de par sa présence, sa luminosité et son charisme naturel, plutôt bien secondé par le duo Coon/Rudd et dans une moindre mesure, les autres teens bien que, Finn Wolfhard ne soit pas assez..., je ne sais pas.

Quant à l'équipe originelle, seul Murray ne semble pas très impliqué et d'ailleurs son personnage n'est pas très bien exploité

(une donnée qui s'accentuera dans Frozen Empire, malheureusement)

et la présence de

Spengler (incarné physiquement et par Bob Gunton et Ivan Reitman) apporte une vraie émotion car traitée avec respect.

Afterlife est de fait, un bon divertissement respectueux et après avoir vu ce qu'il en était d'une relecture idiote, puérile et irrespectueuse (hein Feig...), ça fait grandement plaisir, ce qui est déjà un point positif, non ?

Franck_Plissken
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ghostbusters Containment Unit, VOYAGE DANS MA MEMOIRE 2022 et VOYAGE DANS MA MÉMOIRE 2024

Créée

le 4 avr. 2024

Modifiée

le 5 avr. 2024

Critique lue 7 fois

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The Lizard King

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