Après des décennies à monter des projets qui ne se lancèrent jamais,


Après différentes incarnations sur d’autres supports, dont le jeu vidéo de 2009, écrit par les créateurs de la série, longtemps considéré comme le troisième SOS Fantômes,


Après un reboot en 2016 maladroit mais avec quelques qualités,


La franchise culte du cinéma des années 1980 revient à double titre : non seulement pour un nouveau film mais parce que celui-ci est bien la suite des deux premiers. Son sous-titre français, L’Héritage, est ainsi particulièrement évocateur quant à son contenu.


Contrairement à la version de 2016 de Paul Feig, celui-ci n’ignore pas les événements des deux premiers Ghostbusters, bien que ceux-ci soient assez ignorés à l’époque où le film prend place, connus de quelques personnes seulement qui hésitent sur leur véracité. Ce qu’il a pu se passer entre-temps sera expliqué plus loin, faisant le lien avec l’histoire principale.


Co-écrite par Gil Kenan et Jason Reitman, le fils du réalisateur des deux premiers, cette suite fait le pari d’instaurer un nouveau cadre et de nouveaux personnages, d’abord éloignés des présupposés de la franchise. Il n’est ainsi plus question de l’agitée et bruyante New-York, mais d’une petite ville isolée nommée Summerville dans l’Oklahoma, un petit bled où il ne passe pas grand-chose.


C’est dans cette ville qu’atterrissent Callie et ses deux enfants Trevor et Phoebe, suite à l’héritage de leur parent qu’ils n’ont pas connu. Trevor est un jeune adolescent, qui va chercher à se créer des amis et notamment auprès d’une serveuse du restaurant de la ville tandis que Phoebe est une grande fille, passionnée par la science mais moins à l’aise avec les relations sociales, même si elle va faire la connaissance de Podcast, qui porte bien son nom, assez sympathique. Cette petite famille désargentée arrive dans la maison de leur grand-père décédé qu’ils n’ont jamais connu, et à qui Callie n’a jamais pardonné de l’avoir abandonné. Mais cette ferme isolée semble receler bien plus que des ruines et de la poussière, contenant le matériel d’un ancien SOS Fantômes.


Le reboot de 2016 prenait la voie de l’humour et du spectaculaire, cette nouvelle version en adopte une autre, plus intimiste. Les fantômes en sont d’ailleurs quasiment absents, réduits à quelques apparitions, dont la première visible ne sera pas tout de suite.


Le film de Jason Reitman installe longuement ses nouveaux personnages, qu’ils proviennent de l’extérieur de Summerville ou en fassent partie, les montrant trouver leur place, chacun à leur façon. Le métrage prend son temps pour les présenter et les définir, à un tel point qu’il faut bien regretter que cela puisse sembler un peu longuet, entre les séances à l’école ou au restaurant.


Chacun des personnages est réussi, chacun a sa personnalité et tous se montrent attachants à leur façon. Il est vrai qu’ils sont tous bien interprétés. Mckenna Grace est touchante dans son rôle de jeune fille qui a du mal à exprimer ses émotions, à l’écart des autres mais terriblement intelligente. Finn Wolfhard est drôle et touchant dans son rôle d’adolescent qui cherche lui aussi à trouver sa place. Logan Kim est amusant dans ce rôle de Podcast, toujours à questionner son entourage ou à commenter à sa façon ce qu’il se passe. Et Carrie Coon et Paul Rudd offrent des prestations d’adultes, à la fois mentors et garde-fous, à la fois sérieuses et encore une fois qui amusent, notamment avec ce dernier.


Et c’est bien parce que les comédiens jouent bien, que le film est bien réalisé, sachant mettre à profit son cadre de la petite ville et son décor minéral et que l’humour présent sonne bien, sans les excès du reboot de 2016, que cette première partie se laisse suivre. Avec toutefois le regret que le film prenne trop de temps pour consolider son cadre et ses personnages.


Car une fois que le film finit de tourner autour du pot de cet héritage, il se montre bien plus convaincant. Une fois que les personnages impliqués commencent à prendre la mesure du secret de cette ferme mais aussi de Summerville. La découverte se fait progressivement, jusqu’à ce que l’assemblage des informations se révèle, et donne du sens à certains éléments précédents.


Le flambeau sera ainsi repris, bien qu’un peu maladroitement, par une équipe jeune et hétéroclite, mais déterminée à sauver la ville et le monde, bien entendu, mais aussi redorer le blason bien abîmé de leur grand-père. La série animée de 1997, Extreme Ghostbusters, et le film de 2016 avaient pavé la voie, montrant que d’autres personnes pouvaient être des Ghostbusters, ce que poursuit L’Héritage. Après tout ce nom correspond à une entreprise et des employés, une identité visuelle et des uniformes et des gadgets qui peuvent être endossés par d’autres nouvelles têtes.


Ces jeunes Ghostbusters ont la maladresse et la fougue de leur jeunesse, un beau mélange. La menace à l’œuvre n’est pas des plus audacieuses, faisant le lien avec le premier SOS Fantômes, et son degré de dangerosité apparaît même moindre. En dehors de quelques courses-poursuites assez bien menées, notamment avec la célèbre voiture mythique, ce nouveau film se révèle bien moins spectaculaire. Certes, il est difficile de rivaliser avec le monumentalisme des trois précédents et de son New-York envahi par des monstres parfois gigantesques quand le cadre est celui d’une petite ville. Le reboot de 2016 reste donc le plus visuellement épatant de la série pour qui chercherait à en prendre plein les yeux.


Mais s’il redimensionne sa menace, c’est une fois encore pour rester à la hauteur de ses personnages et étoffer son idée principale, celui de la famille. C'est là son fil rouge, pas celui d'un antagonisme à se défaire. Il ne s’agit pas seulement de cette famille qui arrive dans une nouvelle bourgade, mais aussi de l’importance d’endosser l’uniforme, les outils et le nom d’un Ghostbuster, bien plus qu’un ami et qu’un camarade. Même s’il emploie un procédé technologique un peu discutable, le film offre d’ailleurs un bel hommage à Harold Ramis, décédé en 2014.


Le film a d’ailleurs été critiqué pour ses références aux films originaux, ce qui est un peu cruel, car il repose aussi sur l’idée d’héritage et de transmission, et il était impossible de ne pas créer des liens. Contrairement au reboot de 2016 qui voulait couper le cordon mais ne voulait pas s’aliéner les fans en incorporant des références parfois mal intégrées, le droit d’inventaire opéré par cette suite est assez bien vu. On pourra toujours tiquer sur certains, notamment dans les scènes post-génériques et ce qu’elles annoncent, mais il y a vrai travail pour faire le lien entre la grandeur passée des Ghostbusters et le présent, rappelant toute la force et l’impact de la franchise, auprès des personnages du film mais aussi pour les spectateurs.


Le film toussote un peu longuement lors de sa première partie, c’est vrai, mais une fois qu’il est lancé il se révèle terriblement attachant. Cette suite est donc à la fois un hommage bienvenu, la continuité de la franchise, mais aussi une feuille de route pour de possibles nouvelles aventures avec de nouveaux personnages, une nouvelle porte d’entrée notamment pour un public plus jeune. Il rappelle aussi que le concept des chasseurs de fantômes ne doit pas être enfermé par l’équipe originale ou le cadre urbain des deux premiers, n’en déplaise à certains fans. Il peut y avoir de nouvelles propositions, de nouvelles idées. Tant qu’il y a des fantômes à capturer, il peut y avoir de nouveaux Ghostbusters, dans ce dosage à définir selon les films entre humour, action et épouvante grand public.

SimplySmackkk
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le 9 déc. 2021

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