Ruby, l'ado Kraken
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Ruby, l'ado Kraken

Long-métrage d'animation de Kirk DeMicco et Faryn Pearl (2023)

Ayant apprécié Les Bad Guys et Chat Potté 2, dans leurs démarches introspective, j'étais dans une hype monstre lorsqu'il a été annoncé un film sur les krakens combattant une sirène aux traits de La Petite Sirène de Disney. On pourrait regretter des bandes annonces qui vendaient un film plus modeste que son prédécesseur, mais à l'image du studio Pixar, c'est parfois dans les films plus modestes que l'on se surprend à adorer ce que l'on voit. Est ce que ce que ce film saura être à la hauteur de ses prédécesseurs ? De loin: Non


Il est vrai que sur le début, on a presque bon espoir en un bon film tant celui-ci cherche continuellement à s'affirmer et s'identifier sous différentes manières. Que ce soit à travers une direction artistique qui va lorgner par moment vers Les Mitchells contre les machines ou bien un sous texte parfois osé, le film propose et n'a pas peur de se louper. Le soucis étant que le film peine à tout concrétiser soit par une réalisation chaotique sous entendant de sévères problèmes de productions, soit un manque manifeste d'expérience et de talent. De parce que Ruby est une ado, le film va mettre en avant son personnage principale à travers des filtres internet, regardant la vie à travers son téléphone, et si ça peut être intéressant dans les 10 premières minutes, la chose devient veine et artificielle tant l'entièreté du film ne s'accorde pas avec cette démarche artistique. Ni dans le rythme, ni même dans l'atmosphère ou bien l'esthétique, le film ne saura donner sens et cohérence à cette élément qui n'a quasiment rie à foutre là. On enchaine dans un faux rythme où l'on essaye un coup d'être jeune et dynamique, un autre coup assez lent et conventionnel, sans qu'à aucun moment ça n'ait de sens. Le tout est entrecoupé d'un nombre incalculable de clip musicaux désastreux, n'apportant rien au récit, servant à capter artificiellement l'attention des gens, et qui sont du niveau des pires moments de films "Barbie Like" comme Ballerina. On obtient un côté bâclé et parfois franchement moche lorsque l'on se rend compte, surtout lors les phases plus pop avec de l'effet collage, que l’incursion des personnages à l'écran est vraiment dégueux.


Mais plus que la réalisation qui ne se transcende jamais, et dont on s'attendait à pas grand chose, si ce n'est d'avoir quelque chose d'assez propre et épuré (chose que finalement nous n'aurons pas), c'est l'écriture du film qui est un cauchemars complet. On comprend vaguement l'idée que Ruby ne représente pas tant une adolescente parmi tant d'autres qu'un studio d'animation qui grandit et a besoin de s'affirmer. A l'image des deux précédents films du studio, Ruby l'ado Kraken se veut comme un regard introspectif qui replace le studio DreamWorks dans le monde de l'animation en mettant en scène une famille dysfonctionnel, ainsi qu'un requestionnent de figures mythologiques que l'on doit apprendre à voir sous un nouveau jour. C'est souvent l'occasion de montrer que le studio a pu faire des erreurs, qu'il a évolué, et qu'il peut avancer dans un avenir où Disney ne leur fait plus peur. Le soucis étant que, faute de maitrise ou de nombreuses ré-écritures, le film ne veut plus rien dire, et est d'une débilité affolante. Je pense que Pixar a su démontrer avec Alerte Rouge que les règles et transformations physiques liés à l'adolescence sont des sujets suffisamment trop moderne et casse gueule pour ne plus retenter (mis à part en renouvelant totalement la démarche, chose que ne fait pas l'ados kraken). Il est alors inquiétant de voir le film se tenter à une réutilisation de ces mêmes thématiques en ne les comprenant pas, alors que les problématiques adolescentes ne sont traités frontalement. En réalité, aucun sujet n'est traité frontalement car le film brasse tellement large qu'il ne peut pas s'attarder sur tout sans que cela paraisse incohérent. Le film ne sait tellement pas quoi raconter qu'il est obligé à se reposer sur un récit plat et sans intérêt pour donner une cohérence et une justification au film d'exister. Les enjeux et le sous-texte étant quasi inexistant, les bonnes idées sur la place de Disney dans l'histoire du studio deviennent stérile et triste. On a beau introduire une sirène comme Ariel dans La Petite Sirène et mettre en scène son arrivé en collant au plus près du conte original (à base de qui pro quo sur les bords de mer avec un beau prince qui risquait de se noyer) pour essayer de prouver un rattachement au conte qui n'existe pas, à aucun moment on arrive à trouver la pertinence que l'on pouvait avoir dans Les Bad Guys ou Chat Potté 2. Comme dit précédemment, tout est survolé, donc on aura beau essayer vainement de justifier le comportement de la sirène le temps d'une scène, ou même sous entendre un côté plus sombre à la grand mère de Ruby, si cela n'est pas appuyé ou que cela n'entre jamais dans le scénario comme un point important, cela ne sert à rien, et pire que cela, ça souligne à quel point ton récit et creux et sans impact. Les personnages de Chelsea et de la grand mère n'ont pas d'évolution alors qu'elles ont l'opportunité d'apporter un vrai propos intelligent, personne ne sert à rien mis à part Ruby et sa mère, et même eux on ne sait pas ce qu'elles ont vraiment appris durant le film. Ruby est devenue plus populaire et sait comment plaire à son petit amis, mais cela ressemble de trop à comment Chelsea elle-même est devenue populaire. Le film est au final insignifiant, très décevant par rapport à ce que proposait le studio jusqu'à présent, et les nombreux clip musicaux à répétition condamne le film à être un DreamWorks de seconde zone.


8,25/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.



Créée

le 30 juin 2023

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Youdidi

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