Une machine qui croit être Alex Murphy

Remake du film Robocop réalisé par Paul Verhoeven en 1987, cette version modernisée n'est pas parvenu à séduire les cinéphiles par son manque d'approfondissement de la criminalité régnant dans la sombre ville de Detroit. Et ça ! Je peux comprendre, la version 1987 a été un succès car elle est considérée comme un film satirique impensable d'une société moderne où des industriels de l'armement tirent des bénéficies en développant des armes, dans une ville où les criminels pullulent d'une manière inquiétante. Avec la haute technologique du cinéma de nos jours, on aurait pu s'attendre à une autre version plus high-tech, plus poussée, plus brusque et plus traumatisante que celle réalisée par Paul Verhoeven.


Malheureusement, elle n'en est rien. On sent à peine l’atmosphère brutal de Detroit, c'est comme si on visionnait un quelconque film policier banal. On a même l'impression d'être tombé sur quelque chose de plus fun, de plus ludique et de plus jubilatoire que la version précédente, or les cinéphiles ne voulait pas ça, y compris moi. Comme il s'agit d'un remake, le scénario est le même. C'est l'histoire du policier Alex Murphy qui trouve la mort suite à l'explosion de sa bagnole.


N'ayant aucune chance d'être l'homme qu'il était auparavant, ce dernier est ramené à la vie en étant une machine qui va contribuer à mettre le plus de criminels possibles derrière les barreaux. Rien d'original, c'est exactement le même thème scénaristique, les producteurs n'ont apparemment rien voulu faire pour apporter du neuf. Et c'est très regrettable, c'est comme si on a essayé de faire un film moins puissant que la version 1987. Cependant ! Sans vouloir prendre la défense de cette version, il y a quelque chose dont j'étais très admiratif pendant le visionnage.


Je reconnais que Paul a fait quelque chose de surprenant avec son film mais j'ai ressenti de la gêne en voyant quelque chose qui m'a un peu choqué, l'absence de la transformation de l'homme en une machine. Je ne pouvais pas croire que ce dernier pouvait faire un truc pareil, on ne peut pas passer d'un homme en une machine en sautant des étapes qui pouvaient encore montrer à quel point les industriels peuvent se montrer impitoyable envers leurs victimes. Je voulais savoir comment Alex était conscient de ses gestes en étant à l’intérieur d'une machine, et cette info, j'ai eu le plaisir de l'obtenir dans ce film, dans un traitement bien intégré dans l'histoire de la production.


Alex qui refuse son sort, Alex qui en souffre, Alex qui a du mal à s'y habituer, Alex qui en pleure, toutes ces réactions sont parfaitement normales de les voir quand on crée une machine à partir d'un homme qui a perdu la majorité de ce qu'il faisait de lui un être humain. Du coup, le film se défend, il n'est certes pas aussi mémorable que la version de Paul, il a même la tendance d'être plus un documentaire qu'un film d'action. Surtout quand on bourre ce film de scènes d'expositions ou de débats scientifiques et technologiques n'en finissent pas, au point de rendre le long-métrage un tantinet lourd et superficiel.


Concernant le casting, Joel Kinnaman ne rivalise pas avec Peter Weller, on dirait plus un policier badass qu'un policier robotique. Surtout que son armure fait plus Iron Man que le Robocop de 1987. Trop libre dans ses mouvements mais se battant en exécutant des mouvements très mécaniques, on a de temps en temps bien du mal à croire que c'est un robot qui est au cœur de l'action. Et le reste du casting n'est pas mieux, Michael Keaton est beaucoup trop théâtral pour le type de personnage qu'il joue, Gary Oldman a beau à essayer d'être convaincant mais il peine à le faire et Samuel L. Jackson semble être là pour mettre un peu d'humour mais cela ne marche pas beaucoup.


Et je ne parle même pas d'Abbie Cornish qui est beaucoup trop transparente pour camper le rôle d'une femme qui veut aider son mari. Un bien moyen casting qui peut être compensé par des scènes d'action assez efficaces mêmes si elles ne sont pas très spectaculaires, la présence de robots féroces, un côté humain bien introduit dans l'histoire, un scénario assez minutieux et une vitalité assez entraînante.


Pour résumer, je trouve que le film n'est pas si mauvais comme je l'ai pu entendre, je ne me suis pas ennuyé devant cette production mais je reconnais que la base de l'autre version a été mal reprise. Et ça peut très bien venir du fait que le réalisateur ne s'entendait pas très bien avec les producteurs. Ce n'est pas vraiment un remake inutile, c'est surtout un remake qui montre quelque chose de nouveau sans malheureusement nous faire voir quelque chose de plus affolante que la version de Paul. 6/10



Allez ! Au travail ! L'homme en fer blanc !


LeTigre

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