L’humoriste le plus populaire de France est de retour au pays avec un film sobre et introspectif, quelque part entre l’autobiographie et l’autofiction. Surprenant mais pas très convaincant.

Le retour de Gad Elmaleh sur le grand écran s’ouvre sur une note intrigante. Gad raconte à la première personne des souvenirs d’enfance à Casablanca sur des images d’archives. Puis l’humoriste se met en scène chez ses parents, en famille et avec ses amis. Tous s’interrogent sur les raisons qui pourraient expliquer le retour du showman en France alors qu’il est installé depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Et ils ne sont pas prêts : Gad veut se faire baptiser.

Pour son deuxième film en tant que réalisateur 13 ans après Coco, Gad Elmaleh surprend. Sobre, introspectif, nostalgique et bercé la musique envoûtante d’Ibrahim Maalouf, le ton est à des années lumières du registre habituel du showman. Il se livre à cœur ouvert sur son authentique fascination pour le catholicisme (alors qu’il est d’origine juive séfarade), tout en nous plongeant au sein de son intimité sociale et familiale.

L’idée d’aborder le thème de la religion de manière aussi frontale est audacieuse et ambitieuse. Dans un monde en mal de repère, il y aurait beaucoup à dire sur ce besoin de religion, en particulier de catholicisme à l’heure où les églises se vident. Malheureusement, c’est là que l’auteur affiche ses limites. Il ne parvient pas à montrer plus que les classiques déchirements familiaux provoqués par l’annonce d’une conversion à un nouveau culte, différent de celui pratiqué par sa communauté. Si le message de réconciliation entre culture, famille et religion est bienveillant, il reste très convenu. Par ailleurs, le dispositif ne sert pas le propos du film. Entre l’autofiction et l’autobiographie, le film perd en universalité en se resserrant autour de la personne de Gad Elmaleh. Si les fans du comédien seront certainement conquis par cette mise à nu sincère et risquée, l’autre partie du public le regardera se débattre avec sa foi et sa famille avec un ennui poli.


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le 11 nov. 2022

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