J’ai hésité sur la note mais je pense que ce film est un peu le film matrice du cinéma de Dupieux. Comme un mode d’emploi. Tout y est absurde mais avec suffisamment de liens pour qu’on s’intéresse de bout en bout. Il trouve toujours des moyens pour qu’en se sachant perdu, on s’y retrouve un peu malgré tout : avec des personnages aussi perdus que nous, avec des parties d’histoire (idiotes) qui se tiennent, avec une musique très simpliste mais anxiogène omniprésente…
Les acteurs sont superbes, à commencer par Chabat, drôle et touchant, Jonathan Lambert, agaçant à souhait, le réalisateur barbu, homme fou (assimilé à Dieu même dans ce film où il fait ce qu’il veut « le vieux avec la longue barbe), Élodie Bouchez aussi perdu que nous, le barbu déguisé en femmes…
Chaque histoire semble séparées mais raccordées par des éléments improbables. Et on cherche malgré tout à comprendre, à raccrocher les wagons, à voir quelque chose de crédible alors qu’on se sait dans du Dupieux. Il se moque des grands films à intrigues tordues ou le réalisateur cache des éléments de scénario pour que tout soit compris à la fin ou au moins crédible (et compris après plusieurs visionnage et lectures de commentaires…). Une critique presque claire du cinéma de Nolan et en particulier d’Inception avec les rêves. (Nolan a d’ailleurs fait un film sur des magiciens qui évoque beaucoup sa façon de voir le cinéma, en tous cas le sien). Lui appelle son film réalité et nous montre que rien n’est réel, même ce qui se passe avec son personnage de la petite fille prénommée elle aussi réalité et dont on apprend vite qu’elle n’est qu’un personnage de fiction. Alors on se demande si ce n’est pas fait pour qu’on se dise qu’elle est la réalité et que tout est inversé… mais non… Dupieux ne veut pas de ça, il veut de l’absurde, il veut nous perde, il veut qu’on accepte de se perdre, de rire des scènes très drôles et d’oublier la crédibilité du scénario. Comme dans tout son cinéma, mais particulièrement dans ce film qui ne parle quasiment que de ça.
Peut être que la « morale » du film serait : « Accepter d’aller voir la réalité au cinéma… c’est absurde ! »