Superbe film. Cet homme qui dirige d’autres, tout en jouant dans ses pièces se retrouve à devoir se laisser conduire. Il se laisse percuter par la pièce, par cette chauffeur, par ce jeune homme qui a couché avec sa femme. Il ne veut plus jouer mais y reviendra, autrement, avec un réel lâcher prise. La voiture rouge est omniprésente. On peut être seul en voiture même à deux mais la promiscuité amène de la relation. Celle qu’il noue avec la chauffeur qui pourrait être sa fille (sa fille décédée aurait eu le même âge) se fait dans la douceur, dans la pudeur, dans la sincérité. Leur relation est belle et les fait avancer tous deux. Chacun accepte de se laisser conduire, lui en ne conduisant pas, elle en ne choisissant pas les destinations, les horaires.
Les plans sont léchés et souvent superbe, une belle construction très graphique, le film prend son temps et laisse la place au jeu. Il s’agit toujours de jeu, d’acteurs, d’émotion même quand on ne comprend pas la langue, même quand il n’y a plus de parole. Chacun joue mais la sincérité amène la vérité, même si celle-ci n’est pas factuelle.
Un film qui fait réfléchir, délicatement, sans brusquerie. On est comme ce personnage principal à ne pas vouloir se laisser conduire mais à le désirer finalement intimement. Et lâcher prise permet justement de conduire, de prendre sa vie en main avec du recul, comme ce personnage principal qui emmène sa chauffeur chez elle et apprend à travers elle. C’est lui qui dirige les déplacements comme il dirige les pièces au théâtre, et ce recul lui permet de mieux choisir les choses, en n’étant pas au volant.
Il y aurait tant à dire… le signe d’un grand film !