Avec Ready Player One, Spielberg signe son retour au film grand public, bourré de bonnes intentions, d'une furieuse envie d'émerveiller et de quelques clichés gros comme le poing.

En 2045, la surpopulation et la crise écologique ont poussé les gens à vivre en grand partie en réalité augmentée. Wade Watts n'est pas tellement différent des autres dans la vraie vie : tous les matins, il se connecte à l'OASIS, un jeu vidéo en VR massivement multijoueurs dans lequel on peut absolument tout faire, sorte d'ersatz amélioré du monde réel. Mais dans l'OASIS, Wade est Parzival, un des meilleurs joueurs. Alors qu'une course contre la montre s'engage pour trouver un item que feu le créateur du jeu a laissé et qui donnera le contrôle de l'OASIS, Parzival est confronté à Innovative Online Industries, une multinationale prête à tout pour prendre le pouvoir, dans les deux réalités.

Ce qui est sûr, c'est que Spielberg a mis le paquet au niveau visuel. Entre le moment où la post prod a commencé pour caser la demi tonne d'effets spéciaux par minute, Papa Steve a eu le temps d'écrire, tourner et monter Pentagon Papers... C'est dire !
Alors comme ça, on pourrait croire que ça serait putassier, mais il faut avouer que c'est magnifique. Les graphismes sont d'une excellente qualité et les personnages très détaillés.
Au niveau des références à la pop culture (jeux vidéo, ciné, musique...), je m'attendais à en voir encore plus, même si ça en regorge. Alors bien sûr, c'est du gros fan service, d'Halo à Gundam en passant par le Géant de Fer, mais il y en a tellement que je doute qu'il soit possible de tout remarquer en une fois. Spielberg a eu la décence de ne pas s'auto-citer, ce qui fait preuve qu'une grande humilité (parce que, soyons honnête, Pop culture et Spielberg sont indissociables) mais je trouve que le tout reste très tourné du côté de l'Amérique, alors qu'un Pikachu ou un Mario me semblaient être des éléments quasi-obligatoires.
Néanmoins les effets spéciaux sont ultra-convaincants, très jolis, et j'ai rarement vu un travail numérique aussi beau (la dernière claque en date que m'avait mise des personnages en 3D venait de Advent Children, en... 2006 !)

Sans aller jusqu'à dire que le film privilégie la forme au grand détriment du fond, il faut reconnaître que le scénario n'a rien de réellement novateur. Un monde incroyable qu'une grande compagnie veut s'approprier, c'est vu et revu (Jurassic Park, anyone ?) mais on peut compter sur Steven pour rendre ça attrayant. Le synopsis a tout de même la bonne idée de découper ses actes à la manière d'un jeu vidéo (une grosse partie du pitch est calqué sur une quête à la Zelda, à savoir trois artefacts à retrouver). Donc, aucun véritable rebondissement incroyable, mais je pense que là n'était pas le but. Le but était de faire un film grand spectacle, beau, familial, et c'est finalement très réussi.

Certes on n'évite pas les clichés du genre, mais Spielberg n'est-il pas assez bon pour savoir que cela peut faire grincer des dents ? J'aurais tendance à croire qu'il les considère comme part intégrante du cinéma grand public et les a volontairement laissé. Ainsi une happy end prévisible, une histoire d'amour éculée et le pouvoir de l'amitié viendront soit installer les spectateurs dans une certaine zone de confort, soit les agacer (et ce fut la deuxième option pour ma part).

Mais il n'y a pas mort d'homme, on est loin de l'avalanche de clichés et de deus ex machina que l'on a pu voire récemment dans le cinéma hollywoodien (et je me rends compte que Le Labyrinthe 3 devient petit à petit mon mètre-étalon en matière de paresse d'écriture).
Et puis, il y a une séquence qui a tout rattrapé. Une séquence dont je ne parlerai pas pour ne pas en gâcher l'effet de surprise, mais disons que Spielberg rend un hommage époustouflant à l'un de ses meilleurs amis. Ca dure quinze minutes, et ce sont probablement les quinze minutes les plus jouissives que j'ai passées dans un cinéma tant c'est admirablement fait, innovant, puissant et jubilatoire.

A tel point que ce moment est presque pour moi le point d'orgue du film. Mis dans le contexte du monde en réalité virtuelle, il résume assez bien la carrière de Spielberg, son amour pour le mélange des genres (lui qui passe si souvent des films familiaux aux films plus durs voire violents), résume également ses influences et ses amitiés, son amour du cinéma, bref, ce moment, ce moment précis résume Steven Spielberg.

Et c'est beau, merde ! Ce film est extrêmement cohérent dans la filmographie du bonhomme, certes pas son meilleur, mais pas non plus le pire ni le moins représentatif. Ready Player One est un film familial, avec ce que ça implique de moment un peu cucul et de chouettes aventures, et surtout il est beau, bien réalisé, et il envoie un sacré pâté visuel. C'est très proche de ce que j'attendais, malgré quelques grosses ficelles, mais j'ai passé un très bon moment. Voila, je pense que le film n'avait pas d'autres but.

Devant Ready Player One, j'ai passé un très bon moment.

QuentinYuanMalt
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le 20 mai 2018

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Yuan Cloudheart

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