Il semblerait qu'Elem Klimov soit particulièrement doué pour narrer la fin et surtout les déboires d'une nation. Avant Requiem pour un massacre, chef d'oeuvre dont je me risquerai presque à dire qu'il est le meilleur film sur l'horreur nazie, Klimov nous offre sa vision de la fin du tsarisme, et un homme, Raspoutine.

Qui est Raspoutine ? Si comme moi vous n'avez que brièvement googlé ce nom, il est impossible de se faire une idée concrète du personnage.

Klimov soigne son entrée, afin de nous faire patienter ou pour insister sur le fait que ce n'est pas qu'un film sur Raspoutine ; ou plutôt sur Raspoutine comme symptôme d'une Russie "malade" ? Je pencherais plutôt sur la deuxième solution, en témoigne des nombreux extraits historiques qui ponctuent le récit.

Qui est Raspoutine ? Ses apparitions ne sont jamais les mêmes. La première, on penche pour un Christ moderne. La seconde, un cynique plus antique. Et ainsi de suite... Une chose persiste : il est insaisissable.

Le réalisateur est, tout au long du film, très critique envers le régime tsariste, est-ce sa volonté ou un choix imposé par par la censure soviétique (je rappelle que le film est sorti en 1981) ?
Un spectre plane sur la famille royale, celui de la révolution de 1905, martelé par les extraits vidéos dispersés au long du film. Nicolas II est présenté comme un homme plutôt fluet, très bien décrit par le médecin mongol : "la toque impériale ne lui va pas". Toque qu'il ne portera jamais (je crois que c'est une toque, corrigez-moi), d'ailleurs sa tête restera non couverte tout au long du film, à part lors d'une séance de chasse.

Qui est Raspoutine ? Arrive le moment où je me dois de vous parler de la performance de l'acteur principal : Alexei Petrenko (pour la petite histoire, il a aussi joué Staline). Si Agoniya était un mauvais film, j'aurai au moins pu mettre 5 minimum, pour lui : mais il ne porte pas le film sur ses épaules, le film n'en a pas besoin.
Son jeu est aux antipodes du tsar, petit homme fluet. Je me répète, mais il incarne parfaitement l'homme insaisissable, ou tout simplement, le fou ?

Il reste que son final est une franche réussite, touché de plusieurs balles, l'homme est poursuivie par la foule, représentée par des extraits vidéos d'époque. Se pose alors la question : la foule qui apparaît chassait t-elle réellement Raspoutine ou n'était-ce pas plutôt une mouvement de révolte local ? Question qui n'a pas réellement d'importance, tant Klimov insiste sur le parallèle entre cet homme et le tsarisme : quelques minutes plus tard, c'est la fin.

Qui était Raspoutine ? Je ne sais pas si l'homme était haï par le peuple ou détesté. Clairement, ses adversaires furent nombreux dans la classe politique, mais qu'en est-il du reste ? Sans doute les historiens seraient mieux placés pour répondre, le film ne prenant pas de risque quant au sujet : un (faux-)prophète, ça fait polémique.
Je conseillerai aux visionneurs potentiels de commencer plutôt par Requiem pour un massacre, qui comparé à celui-ci est plus "classique" (bien sûr Requiem pour un massacre n'a rien de classique, on n'est pas chez Spielberg, hin hin hin).
Sledgekind
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le 6 oct. 2011

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