Comment pour Florence, professeure des écoles de son état, ne pas s’investir à fond pour ses élèves ?


Quand elle comprend la situation familiale du petit Sacha, quasi abandonné par sa mère qui l'a laissé seul depuis dix jours, elle va jouer à la sauveuse et prendre sous son aile cet enfant délaissé.
Mais Florence risque dans ce surinvestissement de se délaisser elle même et surtout de rendre jaloux Denis, son fils qui est également élève de sa classe de CM2 et qui vit très mal cette double situation : à la fois fils de et élève de.


D'ailleurs Denis très frondeur, n'a qu'une idée en tête : partir un an avec son père en Indonésie. Un double rêve de liberté et un message aussi : quitter cette école où il se sent entravé et aussi dire à sa mère qu'il a besoin d'indépendance, d'aller voir ailleurs, de découvrir le monde.
Je voudrais souligner la qualité de jeu du jeune Albert Cousi qui est adorable dans son impertinence.


Le film montre subtilement la difficile frontière entre la vie privée et la vie professionnelle de ces instits ultra investis qui logent dans des logements de fonction à l'intérieur même des murs des écoles.
Le directeur devient un papa protecteur q'on peut aller voir le soir chez lui, quand on a un coup de blues. La collègue est la meilleure amie avec qui on partage son intimité.
Le gardien est au courant de tout : des allers et venues des visiteurs, des bêtises des enfants etc.


Est ce une protection ou une lourdeur cette vie quasi familiale ? Le film a le mérite de poser la question. En tout cas, à un moment, Florence va se sentir prisonnière de ce monde clos. Le manque d’investissement de ses collègues vis à vis du problème et de l'avenir de Sacha va la décevoir et l’irriter profondément. Elle se replie sur elle-même, fait un malaise et remet même en cause la suite de sa carrière de professeure en pensant à la démission.


Sara Forestier illumine avec grâce et naturel le film, c'est peu de le dire !
Vincent Elbaz campe un gars décomplexé, qui va, par ses façons fantasques et débridées séduire Florence. Il tombe un peu comme un cheveu sur le soupe dans la vie de Florence, mais finalement, ça tombe très bien ....


Vincent Elbaz a quitté avec bonheur ses personnages de beau gosse et endosse de plus en plus souvent des personnages un peu décalés, originaux et nature. ça lui va bien !


Sara Forestier a dit dans une interview que j'ai vu d'elle, à; propos de ce film, que quand elle était jeune, elle voulait faire au choix deux métiers : actrice ou institutrice. C'est une des grandes raisons pour lesquelles elle a accepté de faire ce film. Elle ajoute que dans son enfance, l'école l'a révélé à elle même, lui a permis de s’exprimer et de faire naître sa propre personnalité.
Ainsi, elle est très redevable au système scolaire qu'elle a connu, qui, selon elle peut être un véritable ascenseur social te surtout permet à des enfants élevés dans des milieux rigides ou défavorisés de pleinement s’exprimer, en dehors des carcans familiaux ou sociaux.


J'ai trouvé que les jeunes acteurs, notamment ceux qui interprètent Denis et Sacha sont très bien dirigés. Les scènes en classe, à l'école ou dans l'appartement sont ainsi justes car les jeunes acteurs sont saisissants de naturel : voilà la grande force du film : la fraîcheur et le naturel.


Le plus de ce film est la petite histoire dans la grande histoire, si j'ose dire. Il s'intéresse à une élève particulière de la classe de Florence, la petite Charlie, qui est atteinte d'un handicap (que j'ai analysé par de l'autisme, mais c'est à démontrer).
Charlie est aidée par une AVS, Mme Duru, qui la surprotège un peu et a tendance à faire ses devoirs à sa place. Mais Charlie va prouver qu'elle peut être autonome et vivre par elle-même.
Dans la scène finale du spectacle, elle va avoir l'occasion de remplacer une élève absente et d'endosser un rôle important de la pièce. Elle joue ni plus ni moins le rôle de l'Homme, dans toute sa splendeur. Cela donne une scène magnifique où la petite lève les bras au ciel, avec un tel sourire et déclame les phrases du texte, elle à qui les grands ne faisaient pas confiance, qui soit disant oubliait tout ...


Cette histoire permet habilement de montrer que l'inclusion des élèves handicapées est possible et souhaitable et que tout le monde a à y gagner.


Pour découvrir plus en avant qui est Sara Forestier
http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/basiques-instincts-04-01-2017-6521949.php

Créée

le 13 févr. 2017

Critique lue 857 fois

3 j'aime

6 commentaires

Critique lue 857 fois

3
6

D'autres avis sur Primaire

Primaire
Anaïs_Alexandre
9

"Est ce que tu crois que c'est normal d'être le seul adulte avec que des enfants toute la journée ?"

Ce film parle de mon métier, de ce métier si particulier qui prend tant de place dans ma vie depuis trois ans. Et c'était un coup de cœur ! Dés la première scène on plonge dans la classe et je m'y...

le 15 janv. 2017

5 j'aime

3

Primaire
Cinephile-doux
6

Petite école

Dire que Sara Forestier porte entièrement Primaire sur ses épaules est un euphémisme. On l'attend combative, lumineuse, découragée, sensible, etc. Et bien entendu, elle lest tout cela, le rôle lui...

le 5 janv. 2017

5 j'aime

Primaire
CableHogue
6

Scolaire ?

Le titre, à la fois général et nettement circonscrit, informe particulièrement bien sur la teneur du film : portrait d’un lieu (l’enceinte de l’établissement), d’un groupe (les enfants d’un...

le 4 janv. 2017

5 j'aime

2

Du même critique

Antoinette dans les Cévennes
Elsa_la_Cinéphile
7

Clin d'œil à Rohmer ?

J'ai trouvé ce film très frais, et pas du tout surjoué. Laure Calamy y est formidable. Elle irradie tout de son sourire et de son naturel. Ses larmes et ses moments de désespoir sont émouvants. Elle...

le 20 sept. 2020

29 j'aime

22

37°2 le matin
Elsa_la_Cinéphile
7

Mi fugue mi raison

Et oui, il aura fallu que le réalisateur disparaisse et qu'Arte passe en hommage ce film jugé culte par beaucoup de personnes, pour que je le découvre enfin. Mon avis est mitigé. J'hésite entre une...

le 22 janv. 2022

25 j'aime

15

Fatima
Elsa_la_Cinéphile
9

Une mère-courage au grand jour

Philippe Faucon sait comme personne filmer les personnages féminins issus de l'immigration maghrébine, des quartiers populaires. Peut-être parce qu'il est fils et mari de femmes algériennes et qu'il...

le 23 oct. 2015

24 j'aime

18