Le problème avec Robert c'est qu'au début je me suis fait avoir. Avec El Mariachi, Desperado, ça passait, c'est cowboy, mexicain, merguez, il connait, il a envie de bien faire (et j'étais jeune aussi sans doute). Et puis, Une nuit en enfer fit son entrée fracassante. Mais c'était surtout parce que son pote Quentin était là pour faire monter la sauce la première heure en fait. Mais bref, jusque là, j'avais une forme de respect pour autant de délires réunis en un film. Robert a le nawak communicatif.

Et puis un jour, il a voulu faire un film pour ses enfants, comme un test pour confirmer à sa tête que faire n'importe quoi comme un gamin et pour ses gamins, ça marchait à fond et ça rapportait encore plus de thunes.

A partir de là, c'est bouse sur bouse (je vous laisse vérifier). Jusqu'à Sin City où il refait le coup de faire un film avec ses potes pour le couvrir du tas d'immondices dont il sort plus sale que jamais. Et ça passe une deuxième fois. Et Robert est à nouveau le plus cool derrière son pote Quentin, le plus cool de la terre officiel.

C'est là qu'il sort à Quentin une idée grosse comme lui, un concept énorme et basique qui ne peut que marcher, ça il s'y connait là-dessus : si on faisait carrément revivre nos films de genre nawakesques chéris avec des fausses bandes-annonces carrément auto labellisées et tout : Grindhouse yeah ! Parce qu'on s'y connait en films de malades non ? Donc on peut labelliser ça.

Et ça marche forcément. Ils vont même pouvoir en faire des vrais films. Robert tout content va pouvoir faire n'importe quoi. C'est couvert. C'est labellisé maintenant. Comme un slogan : "c'est cool le nanar, mangez-en !"

Ce film, c'est une bande-annonce. Regardez ça : http://youtu.be/nBi00ZiqIv4
Les meilleurs moments y sont. C'est meilleur. C'est mieux monté. Il y a pas trop de blagues foireuses. Et surtout, on ne voit pas que c'est filmé avec deux bras dans le plâtre tellement c'est cuté court. Ça donne envie. C'est parfaitement teasé et marketé comme le nanar bisseux ultime du nawak mondial. Et ça marche forcément.

Et donc, le problème avec Robert, c'est que tu te fais avoir. Il semble cool, il est surement cool comme pote parce qu'il en a plein, mais le mec il est pas cool du tout pour le cinéma. Il s'en fout de faire du cinéma. Il veut juste faire n'importe quoi.

Il ne sait toujours pas pondre une histoire, écrire des dialogues, tirer partie des acteurs, filmer une scène d'action, chorégraphier un affrontement, poser un cadre, trouver une photo, sentir une bonne bande originale, tout assourdi qu'il est par sa country de merde et aveuglé par les tics de mise en scène nanars qu'il suppose les plus beaux effets du monde*. Bref, il ne sait toujours pas faire du cinéma de genre à la hauteur de sa réputation.

C'est pas parce que c'est labellisé qu'on ne le voit pas - nous les pas contents du résultat pas fun, naze, naze et renaze et moche et baveux et sans charme et ça joue mal, et c'est affreux, lourdingue et fuck et aargh, qui tentons courageusement de tempérer l'ardeur d'un public massif face à tant de gore et de nawak - que tout est absolument et abominablement réalisé par dessus la jambe contrairement aux bisseries et aux nanars dont il tente de rendre hommage.

*
- Les zooms violents type 70's, c'est parce que le matos était pas génial à l'époque, c'est pas cool parce qu'on ne met QUE ça cautionné comme un effet volontaire, n'importe où et n'importe quand.
- Le petit budget et le cheap, ça se rattrape par une passion artisanale, c'est pas juste un effet pour faire cool alors qu'on a tout le budget qu'on veut.
- La photo dégueulasse et les défauts de la pellicule sont des accidents qui participent à l'ambiance, pas un effet qu'on peut mettre où l'on veut pour faire le gros dégueulasse à foison sur une image quelconque de téléfilm.
- Les acteurs sont mauvais parce qu'on a du mal à se payer des bons, c'est pas un effet cool qui permet de mal filmer et de mal faire jouer des stars... Ce n'est qu'une private joke ou un gag de bande annonce au mieux.
- Un mutant dégoulinant n'explose pas comme une baudruche pleine d'eau quand on a les moyens de faire du gore, même nanar.
- Une scène WTF ne sort pas de n'importe où juste une ou deux secondes et à répétition. C'est un ensemble qui mène à un crescendo WTF, pas un instant WTF lui-même.
- Deux ou trois idées WTF pompées ailleurs qui n'ont rien à voir ne font pas un bon final WTF surprenant et cathartique. On ne torche pas le final, tout comme le reste, pour faire genre expéditif mais pour faire exploser le sentiment de vengeance destructeur par la violence.

Non, je ne veux pas manger ça au second degré pour en rire. Je préfère une bisserie passionnée et vraiment folle. Je préférerais que Robert utilise son budget faramineux pour faire un vrai film de mutants de l'espace contre une fille avec une sulfateuse dans la jambe qui défouraille. Mais ça, manifestement, il ne sait pas faire.

J'ai un problème. Une réputation d'indécrottable bisseux nanardeur me colle à la peau et mon réalisateur le plus antipathique, c'est Robert Rodriguez, le roi du bis nanar mondial déclaré et labellisé.
drélium
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le 12 janv. 2013

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drélium

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