Il y a quelque chose d'étonnant dans la capacité de Tarantino a proposer à ces potes réalisateurs des scénarios complètement azimutés, alors qu'il se réserve parfois les plus académiques, même s'il est vrai qu' académique pour Tarantino n'a pas le même sens que pour d'autres. Il faut toutefois être honnête, le scénario de Planète Terreur tient sur un ticket de métro, d'une certaine manière. Un gaz transforme les gens en zombies bien gores, les survivants immunisés se défendent. C'est sur l'alignement des péripéties que Tarantino tire son épingle du jeu, après une courte introduction (très courte), lui et Rodriguez mettent le pied au plancher jusqu'à la dernière minute avec un seul credo: plus c'est gros, plus ça passe.
Et effectivement ça passe, leur imagination débridée, leur humour déglingué sont tellement assumés qu'on assiste à une boucherie humoristique de quasiment une heure sans broncher, sans se formaliser devant les extravagances qu'on nous met sous le nez. Il faut dire qu'on prend un pied monumental, ce film reprend tous les codes des séries Z pour un faire un art à part entière et les magnifier. La caméra de Rodriguez se veut esthétisante et se pâme d'amour pour les litres d'hémoglobine, les cages thoraciques arrachées, les crânes vidés de leur cervelle et les pustules extravagants qui couvrent les têtes des zombies, mais aussi pour les paires de fesses et de seins. Dans un autre contexte, toutes ces images auraient pu écoeurer, mais comme tout se déroule dans un climat de baston généralisée, on ne fait pas attention. Un membre arraché succédant à et précédent une explosion, à un coup de fusil à pompe ou un crash en camion, tout paraît absolument naturel.
Une ribambelle d'adjectifs viennent en fait à l'esprit, marrant, jouissif, exubérant, excessif, grandnimportequoitesque et même dégueulasse, mais aussi absolument torride, grâce à Rose McGowan qui, même avec un fusil-mitrailleur à la place de la jambe, est sexy à en être suffocante.
On n' oubliera pas quelques scènes absolument hilarantes, en particulier lorsque Freddy Rodriguez (pistonné !) tente, sans rire, de fuir les zombies sur une moto de poche haute d'une vingtaine de centimètres et c'est là que le "plus c'est gros, plus ça passe" prend tout son sens, le pire c'est qu'on adore ça ! Les dialogues sont caustiques, les scènes d'action ébouriffantes, avec tout ça il serait dommage de se priver d'un film qui, dans sa catégorie, restera un des meilleurs.
Jambalaya
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le 29 janv. 2013

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Jambalaya

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