Andy Sidaris n’est pas inconnu des amateurs de nanars. Avec sa société Malibu Bay Films, il a écrit, réalisé et distribué un certain nombre de films très ensoleillés et décontractés qui ne visaient qu’à remplir les étagères de vidéo clubs ou de chaînes câblées.


Avec Piège mortel à Hawai, il s’agit du deuxième film de ce qui a été appellé la série des Triple B : Bullets, Bombs, and Babes ou Bullets, Bombs, and Boobs. De beaux programmes. Des films de série B qui mélangent de l’action bien huilée et un érotisme peu discret. Certains personnages se retrouvent d’un film à l’autre, mais la continuité est très flexible, un mort pouvait revenir au suivant sans explications.


Dans cette production de 1987, il ne faut pas être très vigilant sur le scénario, qui voit deux jeunes (et très belles) femmes à Hawaï en lien avec une agence secrète tomber sur une cargaison frauduleuse de diamants livrée par un hélicoptère radiocommandé. Deux agents doivent les rejoindre, un amateur de lance-missiles et un karatéka, mais en attendant les deux jeunes femmes seront aux prises avec l’organisation qui veut retrouver ses petites pierres.


Et puis, puisque visiblement Andy a eu peur que cela ne suffise pas, il y a un serpent contaminé et dangereux qui se balade sur l’île. Une créature en toc assez mal faite mais qui a un sacré appétit.


C’est souvent un peu endormi, cela manque de rythme. L’importance des menaces semble amoindri par ce soleil éclatant, ses belles plages, ses forêts, le paysage tropical n’est pas oublié des écrans et donne envie de vacances.


Et puis, comme tout bon nanar, l’ennui est dissipé par des scènes fortes, quand la décontraction est écarté pour des moments parfois embarrassants, parfois formidables.


Il faut ainsi mentionner cette embuscade surréaliste, qui réunit un malfrat sur skateboard, une poupée gonflable et un bazooka, qui se conclura de manière explosive pour les deux premiers.


Ou bien cette scène de fusillade où les dégâts se feront sur la vaisselle, minutieusement dégommés sur la table pendant que le vilain se cache derrière une balustrade (ce n’est pas la meilleure planque pour possible), dans l’indifférence la plus décontractée d’une possible cohérence de la scène.


Ou cette mort par frisbee.


Quoi de plus normal.


Le film est détendu, toute l’équipe technique aussi, mais c’est à un tel point qu’on arrive ainsi à avoir une grosse publicité pour un film précédent de Sedaris, avec une affiche posée au milieu d’un décor, qui sera lourdement commentée par les actrices.


C’est d’ailleurs joué soit avec une certaine mollesse, soit avec un entrain un peu trop poussé. Il faut dire que le film collectionne les Playmates de Playboy avec Dona Speir (Miss Mars 1984), Hope Marie Carlton (Miss Juillet 1985), Cynthia Brimhall (Miss Octobre 1985) et Patty Duffek (Miss Mai 1984). De quoi presque reconstituer un calendrier.


Les capacités d’actrices sont ainsi bien légères, ce qui offre quelques prestations ridicules. Mais aussi un certain nombre de plans nichons, le film offrant son premier au bout 1minute30 top chrono et repassant les meilleurs pendant son générique de fin (oui, oui). C’est bien souvent gratuit, au point que l’analyse d’une preuve à conviction se fait ainsi dans un jacuzzi, le poitrail exhibé, bien entendu. Ces filles sont jolies, mais c’est un peu toujours le même format, avec des jambes longues, une hanche fine et une poitrine ronde et bien remplie. Les deux héroïnes ont ainsi en plus la même taille, la même coiffure et couleur de cheveux et la même tenue. Mais l’une est plus badass et l’autre plus gentille, et la différence se voit surtout physiquement par leurs poitrines. Il y aura aussi d’autres actrices en maillot de bain, avec des décolletées bien plongeants ou des tenues légères et transparentes, c’est fou comme le soleil tape fort là-bas. Le soutien-gorge semble d’ailleurs une espèce rare en ces terres libérées.


Les dialogues sont parfois bien testostéronés, dans la plus pure tradition des films d’action de ces années là, mais sans le génie attendu. Des perles comme « La vie est trop courte, tu vas claquer » côtoient des envolées viriles qui s’écrasent aussitôt. En tout cas, le doublage français est récité avec une platitude incroyable, les intonations sont rares, les différences de ton sont rares. Comme si les doubleurs avaient eux aussi été abrutis par le soleil ou par trop de verres de rosés avant de se mettre au turbin.


Avec une telle production, les intentions étaient claires, le film allait être léger, sur bien des plans. Et il est probable que sa décontraction affichée vise aussi le second degré. Pour autant, dans ses excès ou ses faiblesses, Piège mortel à Hawaï, ne démérite pas dans sa classification de nanar, quand on s’y ennui, on sait pourquoi, on en voit les ficelles mal tressées, quand on en rit, c’est de bon coeur, dans la coolitude qu’il veut créer, dans son abus de belles filles, et pour encore plein d’autres raisons.


Nanarland lui a bien entendu consacré une chronique tandis qu'une des émissions d'Escale à Nanarland permet de profiter de ses meilleurs passages.

SimplySmackkk
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le 6 oct. 2020

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