Pour qu’une adaptation de série télé marche au box-office, il faut avant tout s’assurer que celle-ci soit connue à l’international. Sinon, l’échec commercial répond à l’appel rapidement ! Si vous voulez un exemple, prenez le récent The Lone Ranger : adaptation d’une série connue principalement aux États-Unis qui n’a pas su se faire une place dans les autres pays. Ou encore le Tintin de Spielberg, qui a cartonné en Europe (son continent d’origine, en même temps !) mais pas aux States, le reporter étant méconnu là-bas. Eh bien, c’est la même chose pour Perdus dans l’espace, adaptation d’une vielle série américaine (des années 60) qui n’a franchement pas marché à l’international. Ni sur le territoire de l’oncle Sam d’ailleurs ! Ah ? Comme quoi, être l’adaptation d’une série à succès n’est pas toujours gagnant, même sur sa terre d’origine !

En 2058, l’Humanité touche petit-à-petit à sa fin, manquant de ressources pour vivre. C’est dans ce cadre que le professeur John Robinson (William Hurt) et sa famille se retrouvent envoyés dans l’espace, afin de procéder à la construction d’un anneau orbital vers la planète Alpha Prime. Qui facilitera la colonisation de cette dernière, étant une sorte de téléporteur. Mais le voyage ne se passera pas comme prévu, notamment à cause de l’intervention de Smith (Gary Oldman), membre d’une secte qui désire faire échouer le projet et qui s’est retrouvé coincé à bord du vaisseau après son sabotage. Dès lors, tout ce petit monde se met à dériver dans l’espace et en des temps inconnus, un saut non contrôlés de l’hyperespace ayant propulsé le vaisseau dans le futur.

Avec Matt LeBlanc au casting, c’était inévitable : en voyant Perdus dans l’espace, il est impossible de penser à autre chose qu’à la série Friends ! Et pour cause, le comédien est surtout connu pour y avoir joué le personnage de Joey Tribbiani, un acteur gamin au possible et aux ambitions démesurées qui doit pourtant se contenter de rôles de secondes zones (étant le personnage principal d’une série oscillant entre Les Feux de l’Amour et Urgences) et des prestations farfelues (un flic devant faire équipe avec un robot tout droit sorti de Sciences et Vie Junior, une pièce de théâtre romantique dans laquelle il s’avère être un extra-terrestre digne de Star Trek…). Bref, le personnage que LeBlanc interprétait était toujours confronté à de la télévision de série Z (surjouée comme ce n’est pas permis, manquant de moyens, guignolesque…). Et le fait de le voir dans Perdus dans l’espace renforce encore plus le côté nanar que propose le film malgré lui.

Le film de Stephen Hopkins (Predator 2, Blown Away) a beau être l’adaptation moderne (le kitsch en moins) d’une série à succès, cela ne l’empêche pas d’avoir des airs de téléfilm. Pour faire le lien avec le paragraphe précédent, Perdus dans l’espace donne l’impression d’être un long-métrage provenant de la série Friends, avec Joey Tribbiani au générique et non Matt LeBlanc. Car tous les reproches pouvant être faits sur la carrière de Joey se retrouve dans ce film. À commencer par un scénario brouillon qui essaye de brasser les trames d’une série entière et différents thèmes de la science-fiction (une Terre en manque de ressources, le thriller spatial, le voyage dans le temps, la planète inconnue, les batailles spatiales…). Avec son lot de personnages hautement clichés, niais et pas attachants pour un sou, qui balancent des répliques totalement inertes et sans relief, augmentant cette impression que les scénaristes se sont emmêlés les pinceaux pour écrire ce film.

Un navet qui aurait très bien pu être appréciable s’il ne se prenait pas pleinement au sérieux et ne proposait pas un budget aussi conséquent pour l’époque (soit 80 millions de dollars) qui ne se remarque nullement (les décors font faux et les effets numériques sont mauvais). Au lieu d’un délire kitsch, nous avons un space opéra mal mené avec des comédiens qui cherchent avant tout à donner de la forme à leur personnage respectif, sans succès (grande déception de la part de Gary Oldman, qui semble pourtant le seul à se surmener parmi toute une troupe de têtes à claques) et qui arbore des thématiques musicales purement hollywoodiennes. Sans oublier une mise en scène sans génie et trop appuyée, qui gâche le suspense que le film aurait pu proposer (comme la morsure de « l’araignée », filmée au ralenti pour montrer que cela aura un impact sur l’histoire, alors que justement, la réaliser de manière classique aurait été mieux pour le scénario).

Mais il faut bien avouer que Perdus dans l’espace se laisse regarder, notamment grâce à un rythme soutenu et plutôt énergique (d’où une telle note malgré tout le mal dit jusqu’ici). Surtout que niveau bouse intersidérale, nous avons vu bien pire que ce film. Il n’empêche, Perdus dans l’espace mérite un tel titre et donc d’être oublié dans l’inconscient collectif (honnêtement, qui connait ce long-métrage ?). Un échec commercial et critique cuisant justifié par ses piètres qualités et un budget finalement restreint face à ses ambitions démesurées (rappelons tout de même que les premiers Star Wars avaient révolutionné le genre pour si peu !). Encore une fois, Perdus dans l’espace a plus sa place dans la série Friends que dans le monde réel. Et vu la fin ouverte qu’offre le film, il faudrait être fou de penser qu’une suite prenne un jour naissance !
sebastiendecocq
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le 5 août 2014

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